Israël a décidé de resserrer son blocus financier du Hamas à la suite de la prise de contrôle de Gaza par le groupe islamiste et d'aider le gouvernement de crise mis sur pied par le président Mahmoud Abbas à Ramallah, accentuant la partition de fait des territoires palestiniens. "Gaza est désormais une entité sous contrôle terroriste", a dit un responsable israélien qui travaille avec l'administration américaine à l'isolement du Hamas, dont le président George Bush et le Premier ministre israélien Ehud Olmert, décidés à combattre les extrémistes palestiniens, ont discuté dans la journée à Washington. Invité par le Hamas à renouer le dialogue, le Fatah d'Abbas a opposé mardi une fin de non-recevoir à cette offre et décidé de rompre tout contact avec le mouvement islamiste, qualifié de "force d'occupation" à Gaza par le conseiller pour la sécurité du président palestinien, Mohamed Dahlan. "C'est surprenant qu'ils se prononcent pour un dialogue avec les sionistes alors qu'ils refusent le dialogue avec nous", a réagi Smai Abou Zouhri, porte-parole du Hamas, faisant référence au soutien apporté par Israël au cabinet de crise d'Abbas, conduit par Salam Fayyad, un indépendant soutenu par l'Occident. De source israélienne, on indique que 300 à 400 millions de dollars issus de taxes et droits de douane perçus par Israël au nom de l'Autorité palestinienne et bloqués depuis la victoire électorale du Hamas, début 2006, devraient être rapidement reversés au gouvernement de Fayyad, dont le Hamas ne reconnaît pas la légitimité. Mais l'Etat juif attache une condition à ces transferts: qu'aucune assistance financière ne bénéficie à toute entité ou tout individu ayant des liens avec l'administration que dirige le Hamas à Gaza, a précisé un responsable israélien. VOLATILITE "Cela signifie pas de salaires ni de transferts directs" à destination des fonctionnaires palestiniens vivant à Gaza, même s'ils sont fidèles à Abbas, a-t-il précisé alors que l'entourage du président souligne qu'il se sent obligé de faire parvenir à ceux-ci de l'argent - on ne sait encore par quel moyen. Le ministre de l'Information du gouvernement Fayyad, Riyad al Malki, a déclaré ne pas être au courant des conditions posées par Israël mais indiqué que le cas échéant elles ne seraient pas acceptées. Outre Israël et les Etats-Unis, l'Union européenne a annoncé son intention de reprendre son aide à Abbas après un gel de 15 mois. Le président palestinien, selon un diplomate occidental, a clairement fait savoir à la communauté internationale qu'il s'opposait à tout contact avec l'entité mise en place par le Hamas à Gaza et à toute forme de reconnaissance. Si les Etats-Unis et Israël étudient actuellement les moyens d'asphyxier le Hamas diplomatiquement, militairement et financièrement, on ignore encore quelle sera l'attitude de l'UE. En revanche il n'est question ni pour Israël ni pour les Occidentaux de cesser l'aide humanitaire à Gaza. Elle pourrait même être accrue. Le territoire continuera en outre à être alimenté en eau, en fioul et électricité par le biais d'Israël, mais un embargo sur les exportations de Gaza pourrait y aggraver les conditions de vie déjà déplorables du million et demi d'habitants entassés sur cette mince langue de terre. La volatilité de la situation à Gaza depuis l'effondrement du gouvernement d'unité Hamas-Fatah entraînera probablement l'annulation de la réunion du "quartet" des médiateurs internationaux prévue les 26 et 27 juin au Caire, apprend-on par ailleurs de source diplomatique dans la capitale égyptienne. Ce groupe, constitué des Etats-Unis, de l'Onu, de l'UE et la Russie, avait refusé de traiter avec le Hamas après sa victoire électorale de janvier 2006 mais avait décidé de laisser sa chance à l'éphémère gouvernement d'union constitué en mars dernier par les deux mouvements rivaux palestiniens sous la pression de l'Arabie saoudite.