· L'Egypte, le grand danger · la Jordanie, à surveiller de près · Maroc/Tunisie, les zones franches sauvent la mise Les exportations marocaines sont à la traîne, et le pays se débrouille moins bien que ses principaux concurrents. Le constat est clairement établi et a été confirmé, par ailleurs, hier aux IIes Assises nationales de l'exportation. Le Conseil national du commerce extérieur (CNCE) tire la sonnette d'alarme, comme il l'avait déjà fait lors des Ières Assises en 2000. Il appelle à la mobilisation de tous (cf. notre édition d'hier). A la lumière d'un atelier sur la compétitivité marocaine à l'export durant la dernière décennie, le CNCE a rendu public hier ses résultats. Et ils ne sont pas fameux ! Le pays ne perd pas tellement en volume mais plutôt en potentiel. Et comme dit l'adage «Qui n'avance pas recule». Ce qui est le cas du Maroc. «Par rapport aux pays concurrents que sont l'Egypte, la Jordanie, la Turquie et la Tunisie, nos performances ne sont pas exceptionnelles», déclarait à L'Economiste le président du CNCE, Mourad Chérif. Et pour cause, sur la période 1996-2006, la croissance mondiale des exportations a progressé de 1,65 point par an alors que le Maroc stagnait à 1,5 point. Le Royaume perd ainsi chaque année 0,16 point du marché mondial, relativement au niveau atteint en 1996. Les pertes sont encore plus sèches, en comparaison avec les principaux concurrents du pourtour méditerranéen et plus particulièrement pour les quatre pays cités. Cumulées, elles sont de l'ordre de 0,66 point en moyenne. «Ces pays sont ceux-là mêmes auxquels nous lient des accords de libre-échange» rappelle Mourad Chérif. Sachant que l'ouverture du Maroc avec les ALE est plutôt à sens unique, la situation risque d'empirer. Le même constat est dressé par le CNCE dans son rapport relatif à l'exercice 2005. «De manière générale, l'ouverture de l'économie reste foncièrement en faveur des importations» (cf. www.leconomiste.com). Seule bonne nouvelle: les prouesses enregistrées en 2005 et 2006 ont permis, grâce notamment à l'intégration des zones franches, de rattraper le retard accumulé vis-à-vis de la Tunisie. Le Maroc a même pu dépasser légèrement le rythme d'évolution de la croissance de son voisin. Ils ont tous les deux réalisé des hausses respectives de 1,49 point et 1,46 sur la décennie. Par contre, l'Egypte inquiète. Le pays des pharaons a réussi à creuser un écart de 2,8 points avec le Royaume. Le pays est également à redouter pour d'autres raisons. En effet, les investissements directs étrangers s'y accélèrent. Il a même détenu le palmarès des flux dans la région Meda avec près de 16 milliards d'euros, surpassant la Turquie, championne historique. Moins alarmant, l'écart n'en est pas moins visible avec la Jordanie. Les pertes de marché des exportations marocaines relativement à la concurrence hachémite sont de 0,7 point. Ceci pour le constat: piètre performance! Manque d'anticipation, cumul de retard dans la mise à niveau, restructuration de l'offre et accompagnement des entreprises, environnement administratif à assainir… Le CNCE ne s'arrête pas au procès et donne même des pistes pour l'amélioration de la compétitivité de l'offre exportable nationale. Pas moins de 5 piliers comportent 17 mesures. Le CNCE identifie les failles dans les ressources humaines, la productivité, la logistique, la pression fiscale et, enfin, la politique de change. Le CNCE en appel notamment à la constitution de consortiums pour «remédier à l'émiettement de l'offre et améliorer la valeur ajoutée nationale». D'ailleurs, l'idée commence à prendre. Depuis 2003, une douzaine sont déjà fonctionnels, particulièrement dans les secteurs du textile et de l'agroalimentaire (cf. www.leconomiste.com). Le CNCE exhorte aussi au développement d'une politique fiscale permettant une baisse effective de la pression jugée plus élevée que chez la concurrence. Par ailleurs, la dynamisation de la pondération du panier DH, capable d'assurer des ajustements plus fréquents aux variations de la parité euro/dollar ainsi que l'introduction de certaines devises des pays concurrents sont vivement préconisées. Il va sans dire que la journée d'hier aura été riche en recommandations pour les participants aux Assises. Le tout maintenant est de relancer sérieusement la machine. Le mal ne datant pas d'hier.