Le Soudan a approuvé mardi le déploiement d'une force de maintien de la paix combinée des Nations unies et de l'Union africaine dans la région ravagée du Darfour. Saïd Djinnit, commissaire de l'UA pour la paix et la sécurité, a annoncé que Khartoum avait donné son accord à une force "hybride" de 17.000 à 19.000 hommes après avoir reçu des "éclaircissements" de représentants de l'UA et de l'Onu. "Le gouvernement du Soudan a accepté la proposition commune sur l'opération hybride", a indiqué Djinnit en donnant lecture d'un communiqué après deux jours de pourparlers à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. "Il y a aussi eu accord sur des recommandations précises concernant le mandat et la structure de l'opération ainsi que (...) ses composantes et ses différentes tâches." L'accord prévoit un cessez-le-feu global ainsi qu'un processus politique interne au Darfour, a-t-il dit. Djinnit a engagé le Conseil de sécurité de l'Onu à autoriser sans retard le déploiement de la force combinée. Il a déclaré que le Soudan avait évoqué la possibilité d'une "stratégie de sortie" à l'intention des troupes de maintien de la paix, et que toutes les parties étaient d'accord pour que l'opération fasse l'objet d'examens périodiques. Il n'en a pas indiqué la fréquence. La plupart des soldats engagés seront africains, a-t-il ajouté. Le chef de la délégation soudanaise, Moutrif Siddig, a confirmé que son gouvernement avait approuvé les deux formules proposées par l'UA et les Nations unies: soit 17.605 soldats épaulés par des unités de réaction rapide, soit 19.555 sans le dispositif de réaction rapide. PRIORITE AUX SOLDATS AFRICAINS Plus de 3.000 policiers contribueront en outre à la sécurité. Le Soudan avait déjà accepté le déploiement d'unités embryonnaires de police au Darfour. "Le gouvernement et toutes les parties sont ouverts aux deux formules", a déclaré Siddig à Reuters depuis Addis-Abeba. "Les effectifs militaires ne nous posent pas de problèmes." "Nous sommes convenus qu'il fallait donner la priorité à des troupes venant d'Afrique", a-t-il dit tout en ajoutant: "S'il n'y a pas assez d'apports africains, on pourra faire venir des troupes d'autres provenances." Siddig, haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, a aussi fait savoir que le Soudan avait approuvé le mandat esquissé par l'UA et l'Onu. "Les structures de commandement et de contrôle doivent dépendre de l'UA avec un appui des Nations unies", a-t-il dit. La structure de commandement de la force constituait un point d'achoppement entre les différentes parties. Des rebelles non arabes ont pris les armes en février 2003 au Darfour en accusant le pouvoir central de délaisser l'ouest du pays. Khartoum a réagi en mobilisant des milices arabes (ou "djandjaouids") pour mater le soulèvement. Selon des experts internationaux, le conflit a fait 200.000 morts et chassé 2,5 millions d'habitants de leurs foyers. Khartoum ne reconnaît que 9.000 morts. Durant l'année écoulée, des pourparlers ont échoué en raison de dissensions et de combats persistants entre groupes d'insurgés. Le gouvernement a signé en mai 2006 un accord de paix avec un seul mouvement rebelle. La coopération entre le gouvernement et les organisations humanitaires a enregistré quelques progrès, mais Khartoum nourrit une forte suspicion à l'égard des 14.000 représentants de l'aide humanitaire envoyés au Darfour - qu'il a accusés d'espionnage pour le compte de la Cour pénale internationale (CPI) ou de gouvernements occidentaux.