KHARTOUM (AP) -- Le Soudan a estimé lundi que l'Union africaine n'avait aucunement le droit de transférer aux Nations unies sa mission de maintien de la paix dans la région du Darfour. Il a cependant annoncé que ces soldats pouvaient rester sur place à condition de refuser tout mandat de l'ONU et d'accepter un financement de la Ligue arabe et du gouvernement soudanais. Le ministère soudanais des Affaires étrangères a donné une semaine à l'UA pour répondre à cette proposition. En cas de réponse négative, les soldats de la paix africains seraient priés de se retirer. Cette prise de position, qui intervient alors que Khartoum poursuit l'offensive lancée voilà une semaine contre des fiefs rebelles du Nord-Darfour, semble indiquer que le gouvernement soudanais a opté pour une solution militaire au conflit. Jamal Ibrahim, porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, a précisé que l'UA avait d'ores et déjà averti qu'elle ne pourrait poursuivre sa mission actuelle au-delà du 30 septembre. "S'ils (l'Union africaine) sont incapables de poursuivre leur mission au Darfour après le 30 septembre, alors ils doivent être partis à cette date. Dans le même temps, ils n'ont aucun droit de transférer cette mission à l'ONU ou à tout autre instance internationale. Ce droit est du seul ressort du gouvernement du Soudan", a-t-il dit. Le gouvernement a rejeté jeudi la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui ouvre la voie au déploiement dans la région d'une force onusienne de 20.000 hommes, soldats et policiers, en remplacement des contingents de l'UA. Plutôt que d'accepter cette option, Khartoum mène une vaste offensive qui impliquerait des milliers d'hommes ainsi que de nombreux miliciens janjawid. La zone est contrôlée par un mouvement rebelle non-signataire de l'accord de paix de mai dernier, le Front de rédemption nationale. L'accord visait à mettre un terme à trois années d'une guerre sanglante, qui a fait plus de 200.000 morts et chassé sur les routes 2,5 millions de personnes. Seule la principale faction rebelle a signé. La force d'interposition de l'Union africaine, 7.000 hommes mal équipés, n'a pu faire cesser la catastrophe humanitaire que vit le Darfour, où l'accord de paix n'a que peu d'effet. Elle a donc demandé à l'ONU de prendre le relais, après l'expiration de son mandat au 30 septembre. Mais le régime militaro-islamiste du président soudanais Omar al-Bachir n'a cessé de manifester son opposition à un déploiement de l'ONU, proposant en revanche de dépêcher 10.000 de ses propres hommes au Darfour. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué que le gouvernement soudanais avait toujours l'intention de pacifier la région. "Le Soudan va mettre en oeuvre l'accord de paix au Darfour selon son propre plan afin de rétablir la sécurité et la stabilité dans la région", a-t-il expliqué. Face aux Nations unies et aux ONG humanitaires, qui font état d'une aggravation de la crise au Darfour, avec une augmentation du nombre de viols et d'attaques en tous genres, Khartoum reste inflexible. Le président Al-Bachir, cité par l'agence officielle SUNA, a accusé dimanche la communauté internationale de vouloir prendre le contrôle de son pays. "Notre décision est un rejet catégorique (de la résolution de l'ONU) et nous nous tenons prêts à la confrontation (avec les forces onusiennes)", a-t-il déclaré.