Des accrochages sporadiques ont opposé mercredi, au 18e jour du siège du camp palestinien de Nahr al-Bared au Liban nord, l'armée libanaise au groupe Fatah al-Islam, dont 31 membres au total ont été inculpés de terrorisme. L'artillerie de l'armée, qui maintient son étau autour du camp de réfugiés, est rarement intervenue et les islamistes, dont les capacités de riposte semblent s'affaiblir, n'ont tiré qu'à l'arme automatique."Les terroristes ont tiré des rafales d'armes légères vers des positions de l'armée", a dit un porte-parole militaire. "Ces tirs ont suivi des bombardements nocturnes sur des positions du Fatah al-Islam, qui a ouvert le feu à la mitrailleuse lourde contre nos soldats déployés autour du camp". Alors que les combats ont baissé d'intensité ces derniers jours, le chef du Fatah au Liban, Sultan Aboul Aynaïn, a annoncé que trois combattants du Fatah al-Islam s'étaient rendus à son mouvement, qui soutient l'armée libanaise. Selon lui, seuls 75 membres du groupe continuent de se battre à Nahr al-Bared. Le nombre des combattants du Fatah al-Islam, de diverses nationalités arabes, était estimé au départ à environ 250. Le groupe, qui reconnaît une parenté idéologique avec al-Qaïda, est soupçonné d'être "instrumentalisé" par les services de renseignements syriens. L'armée réclame sa reddition. Les autorités libanaises accusent le Fatah al-Islam d'avoir pris l'initiative des combats en tuant le 20 mai 27 soldats alors qu'ils dormaient dans leurs positions autour de Nahr al-Bared et dans les environs. Les combats ont fait 104 morts, la flambée de violence la plus meurtrière au Liban depuis la fin de la guerre civile en 1990. De 4.000 à 5.000 réfugiés palestiniens se trouvent encore dans le camp et vivent dans des conditions très difficiles. Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a affirmé que des munitions non explosées jonchaient le sol du camp, rendant difficile l'accès des ambulances et l'évacuation des blessés. "Nous sommes très inquiets pour ceux qui sont restés pris au piège", a déclaré Jordi Raich Curco, chef du CICR au Liban. L'électricité est coupée et l'eau potable est devenue rare. Entretemps à Beyrouth, la justice militaire a inculpé 11 membres du Fatah al-Islam pour "actes terroristes" au Liban nord, portant à 31 le nombre total d'inculpations (28 Libanais, deux Syriens et un Palestinien). Ces combattants, arrêtés pour certains alors qu'ils tentaient de fuir le camp, sont accusés "d'avoir formé des bandes armées dans le but de s'attaquer aux civils et à l'autorité de l'Etat, et à ses institutions civiles et militaires, et d'avoir mené des actions terroristes qui ont fait des tués et des blessés, militaires et civils", selon une source judiciaire. "Ces crimes sont passibles de la peine de mort", selon une source militaire. A Amman, la peine de mort a été requise contre le chef du Fatah al-Islam, Chaker Abssi, un Palestinien, devant un tribunal militaire jordanien, où il est jugé par contumace dans une affaire d'infiltration de combattants en Irak. Enfin au Liban sud, une force de sécurité palestinienne s'est déployée dans le camp de réfugiés d'Aïn Héloué afin d'empêcher la reprise des affrontements qui y avaient éclaté dimanche entre des islamistes du groupuscule Jound al-Cham et des soldats libanais, faisant quatre morts. Dans ce contexte de fortes tensions, un attentat a été déjoué dans la ville portuaire de Tyr, située dans une région contrôlée par les groupes chiites Amal et Hezbollah au Liban sud. La bombe a été désamorcée. Depuis le 20 mai, quatre attentats à l'explosif ont visé Beyrouth et ses environs.