Deux chasseurs, un grec et un turc, se sont heurtés en "jouant au chat et à la souris" au-dessus d'une zone de la mer Egée faisant l'objet d'un contentieux entre Athènes et Ankara. Les versions grecque et turque de l'incident différent. L'armée turque affirme que l'accident a été provoqué par un appareil grec qui s'est immiscé dans des manoeuvres dans l'espace aérien international. La Grèce pour sa part assure que la collision s'est produite lors de "manoeuvres d'interception" d'un appareil turc dans le ciel de l'île grecque de Karpathos, proche de Rhodes mais aussi de la côte turque. Des recherches ont été entreprises par les marines des deux pays pour retrouver le pilote du F-16 grec tandis que le pilote du chasseur turc a pu s'éjecter et été récupéré par un navire marchand turc. Selon un responsable grec, le pilote turc aurait refusé d'être recueilli par un hélicoptère militaire grec arrivé rapidement sur zone. Il a été repêché à une centaine de milles au large des côtes turques, selon la chaîne de télévision turque NTV. Le maire de Karpathos, Michalis Ioannidis, a déclaré à la télévision grecque que les habitants de l'île avaient entendu une explosion mais n'avaient rien pu voir. SOURCE DE TENSION RECURRENTE Le ministre turc de la Défense, Vecdi Gonul, a déclaré que les deux états-majors s'étaient immédiatement contactés, signe du bon fonctionnement du système mis en place l'an dernier par les deux pays pour éviter que dégénèrent les incidents de ce type. La Grèce envoie quotidiennement sa chasse intercepter des avions turcs qui violeraient l'espace aérien de ses îles situées au large des côtes turques. La Turquie dément que son aviation viole l'espace grec et affirme son droit à évoluer dans le ciel international. Ces manoeuvres d'interception ou d'intimidation impliquent souvent que les appareils se frôlent et débouchent régulièrement sur des protestations et accusations mutuelles. Les deux pays ont été au bord de la guerre en janvier 1996 au sujet d'îlots de la mer Egée mais une médiation de Washington, qui craignait l'effet désastreux d'un conflit entre deux pays de l'Otan, a permis d'éloigner le danger. Ces cinq dernières années, les relations gréco-turques se sont réchauffées et la Grèce a même appuyé la candidature de la Turquie à l'Union européenne. Mais le litige territorial qui reste entier entre les deux pays est une source de tension récurrente.