Les autorités brésiliennes ont annoncé avoir découvert les cadavres d'au moins 13 détenus après avoir repris le contrôle de plusieurs prisons en proie aux émeutes à Sao Paulo. Le dernier bilan s'élevait donc mardi à au moins 97 morts dans la vague criminelle sans précédent qui a terrifié les 18 millions d'habitants de la mégalopole brésilienne. Trois criminels présumés ont en outre été abattus par les forces de l'ordre dans une banlieue de la ville à l'issue d'une bataille avec la police, selon la presse brésilienne. Les gangs de la ville se sont livrés à quatre jours d'un déchaînement de violence qui semblait pourtant s'apaiser mardi. Depuis vendredi, la principale organisation criminelle pauliste, furieuse par les transferts de prisonniers, a lancé des attaques contre la police, tuant au moins 39 policiers, alors que les centres de détention de la région plongeaient dans la révolte. Au moins quatre civils ont été tués dans les affrontements entre gangs et policiers. Les violences avaient commencé en représailles au transfert de plusieurs centaines de prisonniers membres du "Premier commando de la capitale" (PCC), qui contrôle le trafic de drogue dans les prisons locales, célèbres pour leur surpopulation et leurs conditions de vie déplorables ainsi que la violence et la corruption qui y règnent. Les commandos masqués du gang s'en sont pris aux commissariats, ainsi qu'à des bars ou des banques ou aux domiciles des policiers tout le week-end, avant de s'attaquer aux bus lundi. La situation semblait revenir au calme mardi à Sao Paulo, paralysée la veille par une série d'incendies d'autobus, qui ont poussé les commerçants inquiets à fermer boutique avant la tombée de la nuit. Les conducteurs de transports en commun, paniqués et craignant d'être pris pour cible, avaient débrayé lundi, privant quelque 2,9 millions de personnes de moyen de gagner leur travail. La circulation restait cependant peu importante dans les rues, où des policiers lourdement armés et prêts à ouvrir le feu sans sommation ont patrouillé toute la nuit. Nombre d'habitants avaient également renoncé à envoyer les enfants à l'école. "Nous sommes en guerre avec eux, il y aura d'autres victimes, mais nous ne reculerons pas", a lancé le chef de la police militaire de l'Etat de Sao Paulo, le colonel Elizeu Teixeira Borges. Au cours d'une réunion d'urgence, le président Luiz Inacio Lula da Silva a proposé d'envoyer 4.000 soldats des forces d'élite, une intervention refusée par le gouverneur de Sao Paulo Claudio Lembo, qui s'est dit capable de rétablir l'ordre avec les moyens locaux dans la capitale financière et industrielle du pays. "Nous avons le contrôle et le garderons. Pour l'instant, l'armée n'est pas indispensable", a-t-il déclaré. Tard lundi soir, les émeutes ayant éclaté dans 73 prisons de l'Etat avaient été matées. Selon la police, ces émeutes ont fait des morts surtout du côté des forces de l'ordre dans les soirées de vendredi et samedi, alors que les victimes étaient presque exclusivement du côté des membres de gang présumés dimanche et lundi. Les autorités craignent également que la contagion ne gagne Rio de Janeiro, où 40.000 policiers étaient placés en alerte maximale, patrouillant les favelas où vivent les barons de la drogue et chefs de gang. On rapportait des incidents de violence sporadique dans d'autres villes de l'Etat de Sao Paulo, selon TV Globo.