Technologie - Du gigantesque catalogue qu'il est, le web pourrait se transformer pour apporter des réponses complètes à des requêtes en langage naturel, et favoriser l'émergence de nouvelles formes d'intelligence collective. Certains l'appellent le "web 3.0". Le web 2.0 a-t-il fait long feu? «C'est vraiment aisé, pour n'importe qui, de mettre un peu d'Ajax dans une page, d'ajouter quelques tags et de réaliser une jolie interface utilisateur. Mais ça ne suffit pas pour créer une valeur durable», juge sévèrement Nova Spivak, le créateur de Radar Network. Avec sa société, il veut apporter une nouvelle dimension au web, transformer un simple catalogue en un guide intelligent, avec lequel l'utilisateur pourra interagir sur un mode beaucoup plus naturel. La force des applications du web 2.0, en général accessibles depuis un simple navigateur, est de s'appuyer sur des "mash-ups", ces remix de différents services qui ajoutent des couches plus pratiques et fonctionnelles au web. Par exemple, en couplant un site d'annonces de location de vacances avec les cartes géographiques de Google Maps, et Google Maps avec un site d'échange de photos comme Flickr. «C'est exactement le même web qu'avant, avec plus de fonctions sociales, de tagging et d'Ajax», écrit Nova Spivak sur son blog, dans un article intitulé «Exploding the Myth of Web 2.0» ("Briser le mythe du web 2.0"). «Jusqu'ici le Web 2.0 ne s'est guère montré très impressionnant. [...] La majorité des applications web 2.0 qui inondent le marché auront disparu d'ici quelques années», prédit-il. Ce dont rêve Nova Spivak, c'est un web "sensé", intelligent; un web sémantique capable d'apporter une réponse complète à des requêtes comme: «Je veux passer quelques jours au soleil avec ma femme et mes deux enfants, dans un hôtel avec piscine, la semaine de Noël. Budget net 1.500 euros.» La vision d'un web sémantique Aujourd'hui le web exige de consulter d'interminables listes de vols, d'hôtels et d'offres de location de voiture pour trouver son bonheur. Mais demain, il se sera doté d'une forme d'intelligence globale et collective, capable de répondre en faisant une proposition de voyage complète. C'est ce que certains appellent déjà le "web 3.0", ou mieux encore, l'internet 3.0. Le web sémantique défendu par Spivak regroupe un ensemble de nouvelles technologies qui rendent les logiciels plus intelligents, en leur permettant de comprendre et de raisonner sur toutes les données et les connaissances disséminées sur le réseau mondial. Sa société Radar Networks, qui n'a pas encore dévoilé les applications qu'elle développe, extrait par exemple toutes sortes de données des réseaux sociaux, dans lesquels les utilisateurs expriment et échangent des avis sur une multitude de contenus et de services, comme les films, les voyages, la musique, etc. Elle stocke également, dans des systèmes de bases de données de nouvelle génération, les associations entre personnes (amis, collègues, frères ou soeurs). Une fois structurées grâce à un système de méta-données formelles, sur la base du langage descriptif RDF (Resource Description Framework) développé par le W3C, et avec des vocabulaires spécifiques comme FOAF (Friend of a friend), qui décrit les relations entre les personnes, ces données deviennent beaucoup plus intelligibles pour les machines et peuvent dès lors faire l'objet de traitements automatiques. Elever l'intelligence collective «Utiliser des logiciels capables de comprendre et d'organiser automatiquement de vastes pans de connaissances, de groupes, d'organisations et de communautés peut permettre d'atteindre des niveaux plus élevés d'intelligence collective et de se dépatouiller avec des volumes d'information, qui sont beaucoup trop importants pour que des individus, ou même des groupes d'individus, puissent les appréhender par eux-mêmes», explique Spivak. Le consultant français Frédéric Cavazza estime cependant, qu'«il est important de rappeler que les principes et technologies du web sémantique n'ont pas attendu le web 3.0 pour se développer et se perfectionner. Voilà de nombreuses années que le RDF est exploité comme méta-langage, et que de nombreuses autres initiatives permettent de structurer l'information.» Parmi elles, on peut ranger les flux RSS (Really Simple Syndication) pour la syndication de contenus; le format Xform pour les formulaires; le langage FOAF pour l'identité numérique; ou encore le XBRL (eXtensible Business Reporting Language) pour la structuration des données financières des entreprises; sans oublier les microformats, dont le principe consiste à associer des micro méta-données à des contenus non structurés conçus à l'origine pour les humains et que des robots logiciels peuvent dès lors exploiter.