Addi Chagiri, parlementaire PPS qui vient d'être (avant-hier) réélu 2è vice-président du Conseil de la Région Sous-Massa-Drâa nous confie ses impressions, ses réflexions et des positions. Largement estimé par tout son entourage et profondément imbu de sagesse, de pondération et de perspicacité, le député originaire de Ouarzazate tient, tout au long du présent entretien, un discours franc, posé et clairvoyant. A la fois sobre et incisif, il met le point sur multiples questions de l'heure et ne cache guère sa joviale satisfaction d'avoir rallié le PPS, avec conviction et maturité politique et intellectuelle. Entretien. Al Bayane : Quel bilan faites-vous du Conseil de la Région Souss-Massa-Darâa, au terme de son mandat ? Chagiri : La Région SMD est l'une des rares instances à avoir mis en oeuvre une stratégie bien réfléchie en tenant compte des moyens et des insuffisances dans tous les secteurs. L'étude enclenchée à Cet effet nous a balisé le chemin vers les priorités à entreprendre avec réalisme et sérieux. Nous avons donc amorcé les manoeuvres au niveau des infrastructures essentielles, notamment les réseaux routiers et aériens (route Agadir/Tiznit, élargissement Agadir/Ouarzazate, Taznakht/Ouarzazate dans le cadre de Agadir/Zagora, appui de Agadir/Ouarzazate, aérogare Zagora/Ouarzazate). La Région contribue également au programme national de désenclavement du milieu rural. Au plan de l'investissement, la région encourage les intervenants dans le secteur du tourisme en débloquant des subventions atteignant plus de 15 millions de dirhams. Les activités cinématographes à Ouarzazate retiennent pareillement l'intérêt de la Région qui injecte 6 millions de dhs à l'encouragement de ce domaine. Le secteur agricole demeure aussi l'une des plus grosses préoccupations de la Région qui accuse un manque soucieux des ressources hydriques. C'est ainsi que la Région constitut un sérieux partenaire avec les départements de l'Etat concernés pour la gestion de l'eau et son drainage à travers les barrages et les explorations. S'agissant du secteur des pêches maritimes, la Région SMD a procédé à la construction des halles aux poissons dans divers chefs lieu pour le soutien du secteur en corrélation avec la consommation. Les projets à caractère social ont toujours occupé aussi une place de choix dans nos programmes. A ce propos, en particulier une maison de l'étudiante à Agadir, le centre d'accueil d'oncologie, en plus de l'appui des associations d'homodyalise et les clubs culturels et sportifs. Al Bayane : Etes-vous satisfait de votre travail jusqu'à présent ? Chagiri : Sincèrement, on peut dire que le bilan est largement positif, même si les possibilités restent en deçà de nos aspirations. Il faut dire qu'on a surtout mis l'accent sur des investissements régionaux intégrés et équitables. Dès le départ, nous avons engagé une stratégie régionale visant l'absorption des déficits là où les manquements se font davantage ressentir. En fait étant donné le caractère embryonnaire du concept de la régionalisation dans notre pays et vu la complexité des tâches assignées dans une Région Immense et précaire telle que la nôtre, on peut dire que la Région SMD a franchi d'importantes étapes vers le développement durable. Il ne faut pas oublier dans ce contexte que notre budget ne dépasse pas 60 millions de dhs. Cependant, nous avons pu réaliser de belles choses grâce à notre politique d'ouverture et de partenariat avec des organismes nationaux et étrangers, en plus des crédits. Al Bayane : Peut-on dire que c'est surtout l'esprit entreprennarial qui a prévalu et qui est inspiré de la culture d'entreprise du président Aziz Akhenouch ? Chagiri : Sans doute, il y a un peu de cela, seulement, la Région SMD a également cette caractéristique de présenter des dossiers sérieux et convaincants, fort enrichis par les données pertinentes de l'étude mise en fonction et qui demeure actuellement un exemple par rapport aux autres régions du royaume. Al Bayane : Dans un autre registre, les élections relatives à la seconde Chambre du 8 septembre ont été entachées de fraude incitant l'exécutif de procéder à des réactions répressions à l'encontre des fraudeurs. Qu'en dites-vous ? Chagiri : Les dossiers que la justice examine actuellement suite aux accusations intentées contre un certain nombre de conseillers ne laissent pas insensibles plus qu'un. Si cela se confirme c'est vraiment désolant, à l'heure où le Maroc connaît une ère nouvelle et une consolidation de plus en plus de la démocratie. Ces pratiques sont condamnables et à l'origine de l'abstention qui ne fait qu'empirer. La responsabilité est, malheureusement, commune entre plusieurs intervenants dont certains partis politiques qui cautionnent certains candidats peu fiables. Il faudrait activer les outils de répressions de la part de l'administration pour assurer la neutralité positive et le bon déroulement des échéances votatives. Al Bayane : La cause nationale traverse une étape décisive avec l'adoption du Maroc de l'autonomie des provinces marocaines du Sud ? Chagiri : C'est en fait un problème de leadership qui pousse nos adversaires à s'enrager devant les avances notoires de notre pays. Les perspectives très prometteuses du Maroc, les dérangent encore plus et se précipitent à entraver vainement cet essor qui impressionne l'environnement mondial. Cette nouvelle donne qui nous est très favorable nous incite à resserrer les rangs et à s'armer de citoyenneté et de civisme pour faire échouer toutes les tentatives de déstabilisation Al Bayane : Les travaux de la 3ème session du Comité central du PPS tenue les 4 et 5 novembre derniers à Bouznika marquent un saut qualitatif dans la concrétisation des résolutions du 7ème Congrès national. Qu'en pensez-vous ? Chagiri : Nous ne pouvons que se réjouir du succès de cette session qui s'est déroulée dans la sérénité et la responsabilité. L'ambiance qui s'est dégagée lors de ces travaux confirme bien la santé du parti et son impact politique, d'autant plus que c'est la première fois que j'y assiste. La qualité de la méthode adoptée et des préparatifs ne peut que réjouir tout un chacun appartenant à ce parti. A quelques mois des échéances à venir, la stratégie de travail du parti prend forme et prévoit déjà des réalisations certaines. Al Bayane : Dernier mot ? Chagiri : Deuis mon adhésion au mouvement populaire en 1991, je n'ai vécu que des revers qui m'ont poussé à le quitter, il y a bien longtemps. Cependant, mon engagement et ma discipline morale ont fait que j'ai toujours remis la décision de départ à plus tard, d'autant plus que j'ai horreur de la transhumance partisane. Mais, en 2006, cette crise d'appartenance a atteint un stade insupportable et ma place au sein de ce parti, avec tout le respect que j'ai à l'égard de ses dirigeant, est devenue impossible. C'est ainsi que j'ai pris cette décision inévitable. Pourquoi le PPS, après cette déconvenue ? Il faut dire, avant tout, qu'en dépit de mes idées progressistes, j'étais contraint de rester dans l'ancien parti pour les raisons précitées mais aussi la présence dans notre contrée. Cependant, je me suis rendu compte que le parti, c'est obligatoirement les programmes et les principes. C'est alors que j'ai choisi le PPS après avoir pris contact de tout son patrimoine combien valeureux et riche. Le PPS est une école de combat pour les démunis, pour la culture marocaine avec toutes ses composantes nationales, pour son projet sociétal très en avance. J'ai adhéré au PPS par conviction et volonté profondes. Personne ne m'a dicté et exercé une certaine pression pour prendre cette décision dont je suis fier. Ce n'est nullement une transhumance artificielle ni fortuite, mais un devoir moral qui me conforte après tant d'amertume et de malaise qui ne sont désormais que de mauvais souvenirs.