Mouad Belghouat dit El7a9d est un jeune casablancais originaire du quartier populaire d'Oukacha. Depuis 2004, Mouad pratique le rap engagé et diffuse sa musique à travers des CD et Youtube. Il est par ailleurs membre actif du 20 février, il est considéré comme la «voix du 20 février». Sa popularité est de plus en plus importante, au point que la chaine ARTE lui a consacré un reportage. Mouad a été arrêté le 9 septembre dernier à Casablanca. Il a fait l'objet d'une plainte déposée par un membre de l'alliance des forces royalistes accusant Mouad de l'avoir agressé. Mouad a été condamné le 12/01/2012 à une peine de 4 mois de prison, peine qui correspondait à la période de sa détention préventive. Ce premier procès a été une véritable mascarade puisque le plaignant qui n'est autre que le Baltajy a clairement montré qu'il n'était pas crédible tout au long du procès. Il a par exemple déclaré qu'il n'a pas vu celui qui l'a frappé bien qu'il déclarait que ce fut Mouad …
Concernant le second procès … Les faits : Mouad a été arrêté le 29/03/2012 à 13h environ par des policiers en civil à la porte de sa maison à Hay El hassani. Ces policiers n'ont pas montré selon Mohamed Messoudi l'avocat de Mouad leur carte ce qui peut montrer qu'il s'agit là d'une arrestation illégale qui s'apparenterait plus à un enlèvement Par ailleurs, la police n'a pas prévenu la famille de Mouad de son arrestation. Jusqu'à jeudi 20h , la police a nié la détention de Mouad. Famille, avocats et militants le cherchaient dans tous les commissariats de la ville. À partir, de 22h seulement, les proches de Mouad ont su où il était détenu exactement c'est à dire à la prefecture de police Zerktouni. Dans ces conditions, cette arrestation serait de première abord non conforme aux dispositions légales et particulièrement à l'article 23 de la constitution( l'analyse des PV et les audiences qui auront lieu établiront ou pas cette violation potentielle du texte constitutionnel ) : Nul ne peut être arrêté, détenu, poursuivi ou condamné en dehors des cas et des formes prévus par la loi. La détention arbitraire ou secrète et la disparition forcée sont des crimes de la plus grande gravité et exposent leurs auteurs aux punitions les plus sévères. Toute personne détenue doit être informée immédiatement, d'une façon qui lui soit compréhensible, des motifs de sa détention et de ses droits, dont celui de garder le silence. Elle doit bénéficier, au plus tôt, d'une assistance juridique et de la possibilité de communication avec ses proches, conformément à la loi. La présomption d'innocence et le droit à un procès équitable sont garantis. Toute personne détenue jouit de droits fondamentaux et de conditions de détention humaines. Elle peut bénéficier de programmes de formation et de réinsertion. Est proscrite toute incitation au racisme, à la haine et à la violence. Le génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et toutes les violations graves et systématiques des droits de l'Homme sont punis par la loi. Le procureur a décidé de poursuivre Mouad pour les faits : Un montage vidéo qui reprend une chanson de Mouad et qui constitue selon le procureur une offense à la police du Royaume. Cette plainte se fonde sur deux articles de loi : L'article 263 du code pénal : Est puni de l'emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 250 à 5.000 dirhams, quiconque, dans l'intention de porter atteinte à leur honneur, leur délicatesse ou au respect dû à leur autorité, outrage dans l'exercice de leurs fonctions ou à l'occasion de cet exercice, un magistrat, un fonctionnaire public, un commandant ou agent de la force publique, soit par paroles, gestes, menaces, envoi ou remise d'objet quelconque, soit par écrit ou dessin non rendus publics. Lorsque l'outrage envers un ou plusieurs magistrats ou assesseurs-jurés est commis à l'audience d'une cour ou d'un tribunal, l'emprisonnement est d'un à deux ans. Dans tous les cas, la juridiction de jugement peut, en outre, ordonner que sa décision sera affichée et publiée dans les conditions qu'elle détermine, aux frais du condamné, sans que ces frais puissent dépasser le maximum de l'amende prévue ci-dessus. L'autre article est le 265 : L'outrage envers les corps constitués est puni conformément aux dispositions de l'article 263, alinéas 1 et 3. Précision importante : Mouad a produit la chanson en 2008. Par contre la vidéo pour laquelle il est poursuivi date elle de 2010. Mouad ne connait pas celui qui a fait le montage de cette vidéo, il n'est donc pas responsable du montage image qui a été fait. Par ailleurs, cette vidéo a été supprimée par celui qui l'a réalisé. Il semblerait que la vidéo avec le montage image correspondant soit celle là Qui a porté plainte ? La DGSN : direction générale de la sureté nationale Quelques coincidences douteuses : Mouad El7A9ED parle dans sa chanson du comportement regrettable que les policiers ont à l'égard du petit peuple, mais aussi de la corruption et des sujets que le printemps Arabe a mis à l'ordre du jour. Rappelant que les rapports de l'IER ont clairement montré l'existence de violations policières graves. Mais Mouad EL7A9ED est -il le seul artiste marocain a avoir parlé en mal de la police ? La réponse : clairement non -Le rappeur Don Bigg a clairement critiqué ( diffamation ? ) vivement les policiers dans une chanson intitulée Bouliss Il n'a jamais été inquiété pour le contenu de sa chanson. Il est d'ailleurs invité dans les festivals comme Mawazine et passe à 2M d'une manière régulière. Voici la chanson : Le rappeur marocain Barry, dont le nom est Mohamed Bahri, qui parle du comportement de la police au Maroc. Ce rappeur s'attaque de manière très virulente à la police. Il n'a jamais été inquiété. On peut donc dire qu'il y a clairement une INEGALITE DE TRAITEMENT. Pourquoi Mouad attire l'attention de la DGSN et pas les autres ? Pourquoi la DGSN a-t-elle décidé de porter plainte en 2012 alors que la chanson date de 2008 et que le montage vidéo de 2010 ? L'avis de maître Omar Bendjelloun sur le nouveau procès Maître Omar Bendjelloun a bien voulu me confier son impression sur le nouveau procès, voici son analyse : Entre le premier et le second proces de Mouad Belghouat, on a l'impression que ce jeune homme est devenu le moyen de détourner l'attention de l'opinion publique nationale et internationale des vrais problèmes que connait le Maroc, aussi bien sur les affaires de corruption en cours que sur les détenus d'opinion à profil "organique" et "idéologique". Sans parler bien évidemment du fait qu'il y a là un indicateur de saturation des services de police par rapport à leur état d'alerte générale depuis le 20 février 2011. Prendre la responsabilité de porter plainte contre un rappeur de façon officielle et assumée, c'est là la preuve d'un état d'esprit déstabilisé qui tente la banalisation par la saisine d'institutions en place, en bonne et due forme et dans les regles de l'art sur la forme donc, ce procès cache un malaise au sein des sécuritaires, et sur le fond, c'est peut être une volonté de provoquer un faux proces pour en cacher de plus veritables Mouad est vraisemblablement victime d'un acharnement pour des raisons déterminées qui obéissent à un agenda éminemment politique. Il est devenu une monnaie d'échange, un levier, une variable d'ajustement. La question qui se pose : jusqu'à quand le restera-t-il ? À suivre... Pour soutenir Mouad : voici la page Facebook : https://www.facebook.com/L7A9AD.MOUAD voici le compte twitter : @freel7a9ed vous pouvez aussi le soutenir en participant à la médiatisation de l'affaire. Visiter le site de l'auteur: http://droitderegard.wordpress.com/