Dans une récente étude, l'Association Akaliyat pour les droits des minorités sexuelles et religieuses montre l'ampleur du harcèlement subi par les personnes LGBTQIA+ au Maroc. Selon ce travail mené auprès de 400 personnes, 34% disent avoir été malmenées par les autorités à cause de leur orientation. L'Association Akaliyat pour les droits des minorités sexuelles et religieuses a rendu publique, vendredi, une étude relative à la situation des personnes LGBTQIA+ au Maroc et aux inégalités auxquelles elles sont confrontées. Selon ses constats, plusieurs ont fait par de violations de leurs droits sur le plan politique, social et législatif, se référant aux conséquences de la criminalisation de leurs libertés sexuelles et qui revêtent des dimensions multiples. Effectuée sur une durée de six mois, cette étude consultée par Yabiladi a été menée auprès de 400 personnes à Marrakech, Rabat, Agadir et Tanger. Les répondants ont généralement indiqué que leur environnement social était hostile, alors que seulement 4% ont déclaré bénéficier de leurs pleins droits. Par ailleurs, 58% ont une opinion négative concernant les prestations sociales qui leur sont fournies. 29% des personnes interrogées ont affirmé avoir été déjà arrêtées par les autorités ou incarcérées. Une première moitié dit en effet avoir été interpelée pour homosexualité, tandis que la seconde a vécu une arrestation pour d'autres raisons, relative à l'expression de leur genre, une situation d'auto-défense en cas d'agression, un contrôle d'identité ou une enquête approfondie sur les raisons d'avoir quitté le foyer familial. Par ailleurs, plus de 63% des personnes ont fait état de «torture» ou de mauvais traitement pendant leur détention. La moitié affirme avoir essuyé des «insultes, extorsions, chantages et intimidations» au cours de l'enquête, tandis qu'un tiers dit avoir subi des violences et une torture physiques. La peur du chantage et des représailles normalise les pratiques homophobes Cette étude a également montré que 34% des personnes LGBTQIA+ ont vécu un harcèlement de la part des autorités. Celles exprimant leur genre de manière inconventionnelle disent avoir été soumises au moins à deux reprises à des arrestations ou des fouilles au corps sans raison expressément formulée. Aussi, 70% des personnes interrogées affirment être exposée à la violence physique ou morale dans les espaces privés comme publics. 14% d'entre elles ont déposé une plainte auprès des commissariats de police, tandis que la plupart exprime un «manque de confiance en la police et en la justice, craint parfois des représailles ou redoute la vengeance d'un agresseur» qui serait susceptible de les diffamer. 86,4% des interrogé.e.s expriment ainsi leur souhait que l'article 489 du Code pénal marocain soit abrogé, afin de lever les restrictions faites à l'homosexualité, sous-entendue dans ce texte comme «un acte impudique ou contre nature» avec un individu du même sexe. Dans le Code pénal, ce type d'acte est passible de six mois à trois ans de réclusion, assortie d'une amende variant de 120 à 1 200 dirhams. Selon l'association, ces dispositions de la loi contribuent d'ailleurs à «alimenter quotidiennement la haine et la violence à l'encontre des personnes différentes sexuellement et à travers leur genre». A travers cette étude, l'ONG espère ainsi contribuer à l'ouverture d'un «débat national dans le cadre d'une volonté politique de l'Etat marocain pour faire avancer les droits de ces personnes et lutter contre les discriminations et les haines envers elles».