Afin de mettre un terme à la polémique sur la viande halal, le Premier ministre François Fillon a tenu à rencontrer les représentants des religions juive et musulmane de France pour tenter d'oublier ses propos controversés sur l'abattage rituel. Mais au lieu de fermement condamner ces déclarations, Dalil Boubakeur propose aux savants musulmans de réfléchir à la manière de modifier l'abattage rituel pour moins faire souffrir les animaux. La religion musulmane permettrait-elle de modifier l'abattage rituel afin de faire moins souffrir les animaux lors de l'égorgement ? C'est la question que s'est posée ce jeudi 8 mars Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris qui a annoncé vouloir mettre en place «une commission théologique» composée de savants musulmans qui pourraient se pencher et réfléchir sur la question. L'annonce a été faite au terme d'un entretien avec François Fillon, le Premier ministre français et Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman. Cette rencontre intervient alors que François Fillon a tenu des propos controversés lundi 5 mars dernier dans lesquels il suggérait aux musulmans et aux juifs de revenir sur l'abattage rituel des animaux qui ne correspondaient «plus à grand-chose», selon lui. Manque de fermeté ? Pourtant malgré cette polémique, Dalil Boubakeur a affirmé que cette idée de création n'avait aucun rapport avec les déclarations de François Fillon. «Il y a longtemps que nous travaillons à cette question (…) cette démarche répond à un souci de transparence de manière générale», a-t-il déclaré. Avant de rencontrer les représentants de l'Islam, François Fillon a rencontré hier mercredi 7 mars durant une heure les représentants de la religion juive de France, Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France, et Joël Mergui, président du Consistoire central. Toutefois, ces derniers n'ont pas évoqué la possibilité de voir si la religion juive permettrait de modifier l'abattage rituel. Les propos de Joël Mergui ont été beaucoup plus fermes que ceux tenus par Dalil Boubakeur afin de protéger l'abattage casher. «François Fillon nous a affirmé que tout serait mis en œuvre pour ne pas fragiliser le travail mené depuis des années pour garantir la liberté d'abattage juif. Il est fondamental que ce travail se poursuive et que tous s'engagent à ne pas remettre en cause la possibilité pour les juifs d'avoir la liberté de manger casher.», a déclaré Joël Mergui au journal La Croix. Marionnette Une question se pose alors. Pourquoi la Mosquée de Paris ou le CFCM ne sont-ils pas plus fermes face à cette polémique du halal ? «Depuis sa création en 2002 par le Président Sarkozy, le CFCM est resté figé et ne s'adapte pas à la réalité du terrain et n'arrive pas à répondre aux problèmes que rencontrent les Musulmans de France. Aujourd'hui, le CFCM est affaibli, n'a aucune légitimité et est incapable d'élever le ton ou de s'opposer à des déclarations qui ridiculisent l'Islam.» avait déclaré à Yabiladi, M'hamed Henniche porte-parole de l'Union des Associations Musulmanes de Seine Saint Denis en comparant le CFCM à une marionnette manipulée par le Ministère de l'Intérieur.