Dans le rapport annuel sur la liberté de la presse élaboré par Reporters sans frontières (RSF), le Maroc améliore son score et son classement mondial. L'ONG internationale pointe toutefois un «harcèlement judiciaire» des journalistes, qui se poursuit dans un contexte mitigé au Maghreb et dans la région MENA. Bien qu'il améliore son rang mondial, passant de la 135e à la 133e place sur 180 pays, ainsi que son score global, en hausse de 1,10 point, le Maroc continue de figurer dans la zone rouge du classement de l'ONG internationale Reporters sans frontières (RSF), publié dimanche. «Le Maroc (133e) a gagné deux places dans l'indice 2020, surtout grâce à la création d'un Conseil nationale de la presse, même s'il n'a pas encore contribué à rendre l'environnement des médias et des journalistes moins menaçant», explique l'ONG dans sa partie dédiée au royaume. Elle y souligne que le harcèlement judiciaire des journalistes «se poursuit», à travers les «procès d'un certain nombre de personnalités des médias qui traînent depuis plusieurs années» et «plusieurs nouvelles poursuites engagées et de lourdes peines prononcées». RSF rappelle notamment celui de Taoufik Bouachrine, ex-directeur de publication du journal Akhbar Al Yaoum, condamné à 15 ans de prison et à une lourde amende ainsi que celui du journaliste et défenseur des droits humains Omar Radi, condamné à quatre mois de prison avec sursis pour un tweet critiquant une décision de justice. Pour l'ONG, «l'élimination du ministère de la communication et la création d'un conseil de presse n'ont pas contribué à rendre l'environnement des médias et des journalistes plus pacifique» au Maroc. La situation au Maghreb et dans la région MENA n'est pas meilleure Ces observations font partie d'un constat régional global. La Tunisie «reste de loin le pays le mieux classé et a conservé sa 72e place en poursuivant sa transition démocratique et en jetant les bases d'un secteur des médias libre, indépendant et professionnel», rapporte-t-on. Toutefois, le rapport souligne le retard enregistré quant à «la rédaction d'une nouvelle législation sur les médias». Une législation qui «traîne depuis des années». De plus, «le climat pour les médias et les journalistes s'est aggravé notamment depuis l'élection d'un nouveau président en octobre 2019», ajoute RSF. Si la Mauritanie lui emboîte le pas, se plaçant au 97e rang mondial, l'Algérie (146e), dont la chute de cinq places reste «la plus importante de la région», continue de harceler ses journalistes. «Les journalistes ont été mis à rude épreuve depuis le début de la vague de manifestations de rue "Hirak" en février 2019», rappelle RSF. Et de citer les cas de journalistes arrêtés et intimidés par les services de sécurité, devenus plus fréquents. Quant à la Libye (164e), qui poursuivi sa descente en reculant de deux places, l'ONG tire à boulets rouges sur «les crimes de violence contre les journalistes perpétrés par des prédateurs de la liberté de la presse» et qui «sont restés impunis au cours des neuf dernières années». La Tunisie, la Mauritanie ainsi que le Liban, classé à la 102e place, occupent le top 3 des Etats arabes où la presse est considérée comme libre en 2020. Il faut attendre les 128e et 129e places pour voir la Jordanie et le Qatar, qui complètent le haut du podium. La carte de RSF pour la liberté de presse en Afrique et dans la région MENA en 2020. / DR Dans le continent, RFS souligne que «21 pays africains apparaissent en rouge ou en noir» sur sa carte, regrettant le fait que «ceux qui produisent des nouvelles et des informations travaillent dans des conditions difficiles, voire critiques». Il faut d'ailleurs attendre la 23e place pour voir la Namibie, premier pays africain en termes de liberté de la presse selon RSF. Les pays scandinaves occupent les premières places du classement, avec la Norvège, la Finlande, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas au top 5, tandis que les cinq derniers rangs sont occupés par Djibouti, la Chine, l'Erythrée, le Turkménistan et la Corée du Nord.