Le Classement 2010 de la liberté de la presse dans le monde vient d'être publié ce mercredi 20 octobre par Reporters Sans Frontières (RSF). Le Maroc poursuit sa chute et se range à la 135e place, contre la 127e en 2009. La France chute également et «perd son caractère exemplaire». Le Maroc s'enfonce de plus en plus dans les profondeurs du classement de RSF. Cette année, c'est de 8 places que le Royaume a reculé, contre 5 l'année dernière. Ce qui le fait chuter de la 127e à la 135e place sur 178 pays classés. Une baisse qui, selon le rapport, «reflète une crispation des autorités sur des questions relatives à la liberté de la presse», depuis 2009. «L'asphyxie financière» du Journal Hebdomadaire, «orchestrée par les autorités» est passée par là. De même que «la fermeture arbitraire» de l'hebdomadaire arabophone Akhbar al Youm. Sans parler de la condamnation du directeur de publication de l'hebdomadaire Al-Michaal, Driss Chahtane, à un an de prison ferme (il fut gracié à son huitième mois de purge). «Autant de pratique qui expliquent», conclue RSF, «le recul de la position du Maroc dans le classement.» Le Maroc cède 8 places…l'Algérie en récupère autant Au même moment, le voisin algérien grimpait dans ce classement en gagnant 8 places. Ce qui le place désormais à la 133e position (contre la 141e l'année dernière), soit 2 places de mieux que le Maroc. Le champion de la liberté de la presse dans le Maghreb demeure la Mauritanie (95e), qui devrait enfin inspirer les deux derniers que sont la Libye (160e)et la Tunisie (164e). Les positions de ces deux pays confirment les tendances à la baisse notées dans le Maghreb et dans plusieurs pays arabes. Des améliorations et des chutes dans le Golfe En effet, hormis «les améliorations relatives» de l'Irak 130e (qui gagne 15 places) et de la Palestine 150e (+11 places), nombreux sont les Etats du Golfe qui ont chuté en 2010. C'est le cas du Koweït (87e), qui recule de 27 places, du Bahreïn (de 119e à la 144e) ainsi que d'autres pays du Moyen Orient comme la Syrie (qui cède 8 places) et le Yemen (-3 places). A noter tout de même que l'Arabie Saoudite progresse à la 157e place. L'Europe tombe du piédestal Bien que les pays scandinaves soient encore ceux qui respectent le plus les journalistes, le comportement de certains Etats du vieux continent commence néanmoins à inquiéter. Surtout ceux de l'Union Européenne (UE) qui ont perdu leur «statut de leader». Ce qui pousse RSF à exprimer «son inquiétude face à la dégradation de la situation de la liberté de la presse dans l'Union européenne». La France elle, «a perdu son caractère exemplaire dans ce domaine», regrette Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF. Le Turkménistan (176), la Corée du Nord (177) et l'Erythrée (178) continuent d'occuper la queue du peloton. Reste à savoir lequel d'entre eux cédera sa place à l'Iran (à moins qu'il ne se redresse), tout juste devant eux à la 175e place. Les répressions contre les journalistes et net-citoyens depuis les élections de juin 2009, se sont «renforcées» estime Reporters Sans Frontières. Comment RSF établit son rapport ? Le rapport 2010 prend en compte la période du 1er septembre 2009 au 1er septembre 2010. Pour son élaboration, RSF a adressé 43 questions à ses organisations partenaires dans tous les continents (15 associations de défense de la liberté d'expression), à son réseau de 140 correspondants, à des journalistes, chercheurs, juristes et militants des droits de l'Homme. Le questionnaire répertorie l'ensemble des atteintes directes contre les journalistes, les net-citoyens et les médias. Ces atteintes sont entre autres : les assassinats de journalistes, agressions, menaces indirectes, emprisonnements, censures, en plus des pressions économiques. Ensuite une note est attribuée à chaque pays en fonction des réponses fournies, et le meilleur score est…0. En effet, plus la note monte, moins le classement est honorable. RSF n'inclut pas dans son classement les pays où les questionnaires n'ont pas été remplis par des sources différentes.