Après une rencontre en grande pompe à Rabat samedi dernier seulement, les leaders diplomatiques du Maghreb se sont retrouvés à huis clos lundi 20 février, à Rome en compagnie de leurs homologues européens pour parler de leur coopération. Toute la classe politique se réjouit de la nouvelle dynamique de l'Union du Maghreb arabe. Abdelaziz Bouteflika, lui, considère que l'unité arabe est «un impératif vital et pressant». Le désormais «Groupe des 10» s'est réuni à Rome lundi 20 février pour discuter de leur coopération. Il s'agit des ministres des Affaires Etrangères du Maroc, de l'Algérie, de Tunisie, de Libye, de la Mauritanie, de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, de Malte et de la France. Le groupe, fondé en 1990 et baptisé à sa création Groupe «5+5», bénéficie aujourd'hui d'une nouvelle appellation. Celle-ci constitue le signe d'une «unité renouvelée», basée sur «la communauté des objectifs», selon les ministres italien et tunisien des Affaires Etrangères, Giulio Terzi et Rafik Abdessalam, au terme de la 9ème session du Groupe dont ils ont co-présidé les travaux. La rencontre de Rome arrive deux jours à peine après celle des chefs de la diplomatie maghrébine arabe à Rabat, samedi 18 février. De quoi impulser davantage la coopération entre ces pays ? Pour Alain Juppé, ministre français des affaires étrangères, cette édition du «Groupe des 10» est intervenue à «un moment important pour le Maghreb, qui progresse depuis quelques semaines significativement dans la voie de l'intégration régionale». Selon lui, le récente rencontre de Rabat prouve que «la dynamique est en marche. C'est une bonne nouvelle pour la région et pour l'Europe», a-t-il déclaré dans un communiqué de presse rendu public par le ministère des affaires étrangères français. Bouteflika parle enfin… Alors que depuis le début de ces débats sur l'UMA, l'on avait entendu que le président Tunisien et le gouvernement marocain démontraient leur volonté d'aller de l'avant dans les relations régionales, Abdelaziz Bouteflika a réagi à son tour. Le président algérien pense qu'il est temps pour la région de vivre une véritable «unité». Il s'est exprimé dans un message adressé au roi Mohammed VI, au président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, au président tunisien, Mohamed Moncef Marzouki, et au président du Conseil national libyen de transition (CNT), Mustapha Abdeljalil à l'occasion du 23e anniversaire de la création de l'UMA. «La réalisation de l'unité du Maghreb arabe, à l'ère des ensembles régionaux et internationaux, est un impératif vital et pressant en vue de permettre à nos peuples frères de relever les défis au sein d'un ensemble soudé et uni», a-t-il déclaré. Plus de temps à perdre Les propos du président algérien vont de pair avec les affirmations tenues récemment par Youssef Amrani, ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, dans un entretien avec l'Economiste : «Il ne faut pas que nous tardions au risque de rater un rendez-vous de l'histoire», déclarait-il. A ce sujet, Abdelaziz Belkhadem, le ministre d'Etat et représentant personnel du chef de l'Etat algérien considère que le temps presse. «Nous avons perdu beaucoup de temps pour l'édification du Grand Maghreb», a-t-il déclaré lors d'une émission radio à Alger, propos rapportés par Liberté-Algérie.com. Faisant allusion aux frontières fermées entre le Maroc et l'Algérie depuis maintenant 18 ans, il affirme : «On ne va pas vivre indéfiniment dos à dos. Il faut bien qu'un jour on puisse se regrouper et les temps que l'on connaît sont des temps de grands espaces». Selon M.Belkhadem, l'Europe est un exemple à suivre. «Les Européens ont une monnaie unique, un espace Schengen, alors que chez nous, les frontières sont fermées avec certains pays, et avec d'autres, nous avons des visas. Nous avons perdu beaucoup de temps pour l'édification du Grand Maghreb», a-t-il déploré. Pour M.Amrani, les deux pays devront bien envisager d'aller aux delà des limites conflictuelles du Sahara pour avancer dans la coopération qui ne leur serait que bénéfique. «Nous n'avons pas d'autres choix», a-t-il signifié, considérant que le problème du Sahara peut être résolu «dans le cadre des Nations unies». Les politiques semblent avoir des discours convergents. «Semblent» parce que même si M.Bouteflika a fait montre d'une volonté à aller de l'avant, il n'a pas encore clairement abordé le conflit du Sahara. Pourtant c'est la question qui intéresse tout le monde. Quand on sait que c'est ce qui fait actuellement obstacle à la concrétisation de l'union entre les pays. Mais la dynamique dans laquelle s'inscrit actuellement le Maghreb arabe laisserait paraitre une lueur d'espoir pour un avenir meilleur, vus tous les avantages économiques qui pourrait en résulter pour chacun de ces pays. Affaire à suivre…