L'épilation est aux femmes ce qu'un dilemme est à Corneille : un sujet de tergiversation perpétuel. Entre la cire orientale traditionnelle accessible à toutes, exceptées aux plus douillettes, et le laser, cher mais indolore et définitif, il faut choisir. Certes, la saison n'est pas propice aux petites robes et aux jambes offertes au soleil. Mais la chasse aux poils ne connaît pas de trêve en hiver. Oui mesdames, vous vous devez d'avoir les jambes lisses parce que les canons de la beauté l'exigent et qu'il faut s'y soumettre. Le classique rasoir, pratique quand on veut s'arranger à la hâte est à écarter pour tous ses inconvénients, connus de toutes (et de tous). La pince à épiler est d'une précision chirurgicale et extrait le poil à la racine, sauf que l'on n'a pas toujours le temps, encore moins pour les grandes surfaces. Les appareils électriques quant à eux n'ont jamais eu beaucoup de succès. L'opération est douloureuse en général et pratiquement suicidaire pour certaines zones sensibles comme le maillot. Reste l'épilation à la cire qui fait l'unanimité et l'épilation au laser qui prend de l'ampleur lentement mais surement. Que choisir ? Chacune des deux méthodes offre des avantages certains ; le choix reposera sur l'effet escompté, la nature du poil, les zones que l'on souhaite épiler mais aussi le budget. Epilation halaoua : saveur caramel Mettez du sucre dans une casserole, ajoutez du jus de citron, un peu de miel ; le tout à feu doux. Non, ce n'est pas une recette pour un dessert mais celle de la cire orientale, plus connue sous l'appellation «halaoua». Pratiquée dans beaucoup de salons d'esthétique, des plus selects aux plus funky des quartiers populaires marocains, la «halaoua» reste la solution épilation la plus démocratique puisque accessible à toutes les bourses. Le poil repousse doux, docile et clairsemé. Vous pouvez vous réjouir de jambes impeccables pendant trois semaines. Appliquée en boule qu'une main experte étale sur la peau, la cire orientale est également adaptée à toutes les parties du corps, même les plus sen- sibles comme le maillot, les aisselles ou encore certaines parties du visage. «Je m'épile avec de la cire orientale que je prépare moi même, ça marche pour moi surtout pour les aisselles et les avant-bras. Pour les jambes ça prend beaucoup plus de temps et ça me laisse des traces. Donc pour ça et pour le maillot je vais chez mon esthéticienne une fois par mois», explique Sofia, étudiante. Nadia, son esthé- ticienne attitrée acquiesce. «Avec la cire, on est tranquille pendant un mois, mais il faut laisser repousser assez long- temps. Des fois les poils repoussent sous la peau, mais il suffit de bien frotter avec un gant noir au hammam et du «saboune beldi» [savon noir, ndlr] pour qu'ils ressortent», lance-t-elle, en riant. Sophia a ses habitudes dans le même salon de beauté depuis le ly- cée. «C'est important d'être à l'aise avec son esthéticienne. Nadia connaît mes zones sensibles, donc elle y va en douceur et elle va plus vite sur les zones qui le sont moins». La cire reste une méthode assez douloureuse pour les petites natures. La «halaoua» ne permet pas, non plus, d'affaiblir les follicules pileux. Les poils repoussent donc toujours vigoureusement, mais le miel et le citron - tous deux sont des antiseptiques naturels - permettent de nettoyer la peau en profondeur et adoucissent l'épiderme pour donner un effet lisse et brillant. Epilation au laser : permet de vivre sur une île déserte Si l'épilation laser en fait fantasmer plus d'une, cette méthode reste peu pratiquée par rapport à la «halaoua» ; en cause : le prix mais aussi la peur de prendre des risques pour sa santé. Malgré cela, «ne plus avoir de poils, plus jamais» pousse les mordues de peaux désertes à opter de plus en plus pour cette solution. «Je m'épilais à la cire, au rasoir, au fil, n'importe comment. Mais un jour, au milieu d'un doux rêve où j'étais sur une île déserte, j'ai commencé à imaginer mes poils repousser dans ce paradis. Le cauchemar. Le lendemain je me suis renseignée et j'ai foncé», confie Leila, employée à la RAM, non sans humour. «Je suis aujourd'hui à ma 4e séance. Ça me coûte cher, mais ça vaut le coup», assure-t-elle. La clinique Guessous, à Casablanca, admet la cherté de la méthode - de 500 à 10 000 DH la séance, selon la zone à épiler, la nature du poil, sa densité... mais pratique des facilités de paiement pour les patientes. «Des patientes», pour cette clinique, car si «l'épilation au laser n'est pas une opération, comme le croient beaucoup de gens, elle se déroule strictement en milieu médicalisé», explique l'esthéticienne de la clinique. Le nombre de séances varie également en fonction de la zone à «nettoyer». Pour le maillot par exemple, quatre à cinq séances suffisent, alors que pour le visage, dix séances sont nécessaires. «On a en ce moment une secrétaire qui souhaite se débarrasser des poils du visage, parce que c'est un vrai complexe. C'est très contraignant pour son travail», raconte-t-elle. Contrairement à ce qui circule autour de l'épilation laser, l'esthéticienne assure un taux de réussite de 100%. Selon elle, les échecs interviennent dans le cas d'épilation à la lumière pulsée, une autre méthode qui coûte moins cher mais qui ne détruit pas durablement les follicules. L'amalgame entre les deux est la cause de la suspicion géné- rale autour de l'efficacité du laser, assure la clinique. Autre bémol, hormis le prix faramineux : le laser ne marche pas sur les poils blonds ou blancs. Le laser est conduit par la mélanine contenue dans le poil or c'est elle qui donne au poil sa couleur : plus il est noir, plus il a de mélanine. De même, les peaux noires ne peuvent être épilées définitive- ment par laser, car le rayon se diffuse dans la mélanine de la peau sans toucher la racine du poil.