Aidé par sa maman, l'enfant Hamza, alias Chef Hamza, a réussi à surmonter son autisme à travers la cuisine. Sur une chaîne YouTube dédiée à ses recettes originales, il propose des capsules culinaires tournées à la maison. Son rêve prend ainsi forme, lui qui aspire à devenir un grand chef cuisinier. Hamza a trois ans lorsque sa mère Khadija découvre qu'il présente des signes d'autisme. Pris en charge médicale, il suit plusieurs traitements, en plus de séances chez un psychiatre et un orthophoniste, dans l'espoir que son degré d'autisme s'atténue. La maman raconte à Yabiladi que très tôt, elle a en effet remarqué que Hamza était anormalement réservé, présentant par moments des signes de nervosité ou d'attitudes brutales. En consultant un médecin, ce dernier lui a confirmé que l'enfant présentait une forme d'autisme. «Malgré un premier suivi, son cas ne s'est pas amélioré», nous confie-t-elle. A onze ans aujourd'hui, Hamza est en quatrième année du primaire. Par le passé, il a présenté des troubles de la concentration, a du mal à distinguer les couleurs, les formes ou à différencier la nuit du jour. «Son état a longtemps suscité moqueries et intimidations de la part de ses camarades d'école, ce qui a accentué un comportement agressif, menant la direction de son établissement à le convoquer très souvent», se souvient Khadija. Selon elle, «cette situation développait chez lui un sentiment de rejet et lui donnait l'impression que son entourage ne voulait pas de lui». Un environnement peu sensible à l'autisme Khadija se rappelle aussi d'un incident majeur, qui l'a alarmée sur le cas de son fils et sur l'urgence qu'il soit accompagné de très près par des spécialistes multidisciplinaires : «Un jour alors qu'il a cinq ans, il s'est jeté de la fenêtre. Par chance, il est resté coincé dans les barreaux d'une ouverture, ce qui a permis à des voisins en-dessous de le sauver. A ce moment-là, il n'avait pas encore acquis la notion du danger et de la peur, donc il ne reconnaissait pas les situations où il risquait de se faire mal.» Mais dans d'autres cas, Hamza a été moins compris par son entourage, ce qui traduit globalement un manque de sensibilisation sur la situation des enfants autistes. «Parfois dans la rue, il m'échappait et se dirigeait vers les voitures roulant sur la chaussée. Les automobilistes avaient des réactions blessantes. Certains s'adressaient à moi en me reprochant de ne pas avoir bien éduqué mon fils, mais je leur demandais pardon car je considérais leur ignorance de l'autisme.» Khadija, mère de Hamza Ce qui a été le plus choquant pour la mère de Hamza, ce sont les conseils «étranges» qui lui ont été donnés de temps à autres par certaines femmes, au sujet de la prise en charge de l'autisme : «Un jour, l'une d'elles a remis en question le diagnostic de mon fils. Elle m'a dit qu'il ne souffrait de rien et qu'il était simplement 'trop turbulent'. Elle m'a même conseillé de le frapper ou de l'enfermer dans sa chambre pendant une journée, en guise de punition !» Résister face aux conseils inadaptés à l'autisme Khadija n'a pas cédé à la pression de son environnement. Cela l'a même poussée à réfléchir davantage sur la manière la plus adéquate de faire sortir son enfant de sa bulle et de se rapprocher de lui. En se décidant à l'aider à sa façon, elle raconte avoir fait plusieurs recherches et beaucoup lu sur l'autisme via Internet, afin de mieux comprendre les signes rattachés à cet état, adopter les bons usages et adopter son comportement quotidien aux besoins de Hamza. Selon elle, il s'agit parfois de gestes simples, mais dont l'impact sur les enfants comme Hamza est grand. «Chaque fois que je suis à la cuisine, je l'amène avec moi, j'essaie de lui montrer les couleurs et les formes des légumes, des fruits et des ustensiles. Peu à peu, il a commencé à développer un intérêt et une passion particulière pour la gastronomie», nous raconte-t-elle. C'est ainsi que l'enfant est devenu Chef Hamza, grand protagoniste d'une chaîne YouTube modérée par sa maman, et où il propose des recettes de cuisine façonnées à sa manière. Aujourd'hui, Khadija en est fière. «Il a un grand amour pour la cuisine, essayant de m'aider à chaque fois que je préparais quelque chose. Je l'ai encouragé dans ce sens pour dépasser les difficultés qu'il avait au début.» Khadija, maman de Hamza La gastronomie, l'art-thérapie pour sortir de l'autisme Grâce à la cuisine, Hamza a trouvé sa vocation et a mieux identifié son activité favorite. Il éprouve un grand plaisir à la développer, ce qui l'a beaucoup aidé à dépasser certaines difficultés dues à l'autisme. D'ailleurs, Khadija n'est pas la seule à l'avoir remarqué. «Même les médecins en témoignent. Lorsqu'il allait à l'un de ses rendez-vous, il préparait toujours quelque chose à ramener avec lui. Les praticiens l'ont également encouragé, ce qui l'a aidé à avoir confiance en lui», se félicite la maman. Peu de temps après, Khadija est tombée enceinte. Par conséquent, elle était moins disponible auprès de Hamza et lui éviter de se faire mal en utilisant des ustensiles tranchants. «Son état est revenu à ce qu'il était antérieurement, il est même devenu dépressif», se souvient la maman. C'est pour éviter un retour en arrière, qu'elle a eu l'idée de lui créer une chaîne YouTube, afin qu'il montre son talent à tout le monde. Avec l'aide de son oncle maternel derrière la caméra, Hamza a commencé à faire des capsules de recettes et façonner ses talents culinaires avec une touche artistique personnelle. «Depuis, même le regard de ses camarades d'école a changé. En suivant ses vidéos, ils ont commencé à l'appeler Chef Hamza, ce qui le rend très heureux et lui a même permis de ne plus être identifié par les médecins comme enfant autiste.» Khadija, maman de Hamza Pour la maman de Hamza, cette expérience doit constituer une lueur d'espoir pour les familles dont les enfants présentent une forme d'autisme : «A toutes les mères qui remarquent un comportement particulier chez leurs petits, je conseille de ne jamais recourir à la force ou à la violence, mais d'essayer d'abord de comprendre si cette attitude ne reflète pas un cas nécessitant un accompagnement spécifique et ne pas hésiter à consulter un médecin pour trouver des solutions adéquates.»