Dans un rapport publié la semaine dernière, la Banque mondiale aborde la question des tempêtes de poussière et de sable dans la région MENA, évoquant des pertes de 150 milliards de dollars et plus de 2,5% du produit intérieur brut (PIB) en moyenne, et évoque le cas du Maroc. Le Moyen-Orient et d'Afrique du Nord reste l'une des régions les plus poussiéreuses au monde. C'est ainsi qu'un nouveau rapport, publié la semaine dernière par la Banque mondiale, se penche sur des questions comme les sources, l'impact sur la santé et les coûts des tempêtes de poussière et de sable dans cette région. «Les tempêtes de poussière sont capables de transporter des sédiments sur des milliers de kilomètres», explique-t-on. Pour la région étudiée, sa proximité avec le désert du Sahara n'arrange pas les choses. Et bien que les sources naturelles, tel que le sable au Sahara, restent les principaux contributeurs aux tempêtes de poussière dans la région MENA, les changements d'utilisation des terres et les changements climatiques d'origine humaine sont également pointés du doigt comme sources anthropiques. D'aillerus, le document précise à cet égard que les sources de poussières dans les montagnes de l'Atlas et le long de la côte méditerranéenne sont également principalement anthropiques. Et de mettre en lien l'érodibilité des matériaux de surface ainsi que l'aridité des milieux due aux changements climatiques pour expliquer le phénomène. Ce dépôt de poussières a des effets sur la santé à grande échelle, comme provoquer et aggraver l'asthme, la bronchite, les maladies respiratoires, les infections et le cancer du poumon, explique-t-on. «Les populations éloignées des régions d'origine sont exposées à un large éventail de problèmes de santé liés à la qualité de l'air», ajoute le document. A cet égard, le document cite quelques chiffres. Citant les données de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), ses rédacteurs rappellent que sur une population estimée en 2004 à 30 152 000 habitants dont 37% vivant en milieu urbain, la concentration annuelle de particules en suspension (PM) 10 reste de 27 microgramme (µg) par mètre cube (m3). Des pertes humaines et économiques Mais le document rappelle toutefois que le royaume enregistre en moyenne 900 décès par an dus à ce type de particules en suspension. Le royaume enregistre aussi une moyenne de 0,2 années de vie perdues à cause d'une mortalité prématurée due à la pollution de l'air extérieur, ajoute-t-on. Quant aux PM 2,5, le Maroc enregistre un taux annuel de 17,36 μg/m3, qui reste plus élevé que le taux de 10 μg/m3 fixé par l'OMS. Le document évoque des décès annuels de l'ordre de 7 034 décès. Outre les effets dévastateurs sur la santé, la poussière a également un impact sur l'environnement, l'agriculture, les transports et les infrastructures. En effet, selon la Banque mondiale, rien que la pollution de l'air due aux PM 2,5 engendre des pertes de 1,73% du produit intérieur brut (PIB) du Maroc. Un chiffre qui reste proche de celui annoncé en juin 2019 par le département chargé du développement durable, qui évoquait un coût de dégradation dû à la pollution de l'air estimé à 1,62% du PIB. Le rapport de la Banque mondiale regrette également qu'à l'échelle mondiale, les pertes cumulées en termes de bien-être dues à la poussière s'élèvent à environ 3 600 milliards de dollars, alors les coûts représentent environ 150 milliards de dollars et plus de 2,5% du produit intérieur brut (PIB) en moyenne dans la région MENA. Les disparités et les différences d'impact de ce phénomène se traduisent par des multiplications de solutions entreprises par les pays de la région afin de lutter contre les tempêtes de poussières. En complétant sa loi 13-03 sur l'air par des textes relatifs à la surveillance de la pollution de l'air et au contrôle des installations fixes et des moyens de transport, le Maroc prend des initiatives. Le royaume a créé un Réseau national de surveillance de la qualité de l'air, composé actuellement de 29 stations fixes et de 4 unités mobiles, en plus de l'adoption du Programme national de l'air, en partenariat avec les départements ministériels et les établissements publics. A l'horizon 2030, le Maroc ambitionne même d'augmenter le nombre des stations fixes de 29 à 101 stations.