Le rapport de la Banque mondiale sur le coût de la dégradation de l'environnement révèle que 2200 à 6000 décès sont chaque année causés par la pollution au Maroc. La concentration de particules en suspension est particulièrement préoccupante. 2200 à 6000 personnes sont mortes en 2014 au Maroc à cause de la pollution de l'air des grandes villes. S'ajoutent près de 1300 autres personnes décédées principalement dans les campagnes pour avoir utilisé un four ou une gazinière au bois ou au charbon. Enfermées dans une maison close les poussières fines qui se dégagent sont aussi dangereuses que celles qui s'accumulent dans les villes. Ces chiffres ont été calculés dans le cadre de l'étude de la Banque mondiale sur le coût de la dégradation de l'environnement, présentée une première fois pendant la Cop 22, publiée in extenso en début d'année et présentée encore une fois par Nezha El Ouafi, nouvelle secrétaire d'Etat au Développement durable, vendredi dernier, le 30 juin 2017. Ses auteurs estiment que la pollution de l'air a coûté au royaume, en 2014, 9,7 milliards de dirhams soit 1,05% de son PIB. «Les coûts liés à la pollution de l'eau et de l'air sont gonflés par les impacts sur la santé», a expliqué vendredi Abdellatif Khattabi. «La qualité de l'air s'est amélioré dans la plupart des villes, mais les concentrations en particules fines restent deux fois supérieures aux normes "qualité" de l'OMS», précise Andrea Liverani, chef de projet au bureau de Rabat de la Banque mondiale. Pour le dioxyde de souffre la valeur limite pour la protection de la sante (125µg/m3) a été dépassé au niveau de la station d'Aïn Sebaa, à Casablanca. Pour le dioxyde d'azote, la valeur limite pour la protection de la santé est dépassée à Aïn Harrouda alors que Marrakech est proche de cette limite. Pour l'ozone, la valeur limite pour la protection de la sante est dépassée principalement à Casablanca, Mohammedia, Khouribga, Benslimane, Tanger et Marrakech. Pour le monoxyde de carbone, la valeur limite pour la protection de la sante n'a été dépassée par rapport au maximum journaliser que pendant 5 jours à Fès. Le danger des particules fines Pour les particules en suspension (PM) de 10 micromètres (µm = 0,001 millimètre), leur valeur dépasse la norme de protection de la sante (50µ/m3) dans presque toutes les stations suivies par la Direction de la Météorologie Nationale (DMN) qui dispose de 29 stations fixes et 3 mobiles réparties dans 15 villes du royaume. A titre de comparaison, la ville de Paris a souffert d'une concentration moyenne de 22 µ/m3 PM 10 entre 2013 et 2015, contre 68 µ/m3 PM 10 enregistré en moyenne entre 2012 et 2015, à Casablanca, dans le jardin face à la wilaya et 65 µ/m3 PM10 selon la station de l'Hôpital des enfants du CHU. Cette concentration est excessive et dangereuse mais elle n'a toutefois rien à voir avec celle qui est enregistrée dans les plus grandes métropoles des pays en développement : Onitsha au Nigéria enregistre 594 µg/m3 PM10, 540 à Peshawar au Pakistan ou 368 à Riyadh en Arabie Saoudite. Les stations marocaines ne mesurent par la concentration dans l'air des particules fines en suspension dont la taille est inférieure à 10 micromètres, pourtant ce sont les plus petites dont la taille n'excède pas 2,5 micromètres qui présentent le plus grand danger pour la santé par leur capacité à pénétrer au plus profond de nos voies respiratoires. «L'exposition à ce polluant provoque des cardiopathies ischémiques, des accidents vasculaires cérébraux, des maladies pulmonaires obstructives chroniques et le cancer du poumon chez les adultes, et des infections aigues des voies respiratoires inferieures chez les jeunes enfants», rappelle le rapport de la Banque mondiale. En utilisant les résultats d'études sur la composition des matières particulaires au Maroc et des mesures de la concentration des PM 10, les auteurs du rapport ont pu estimer la proportion de PM2,5 pour chaque station de la DMN. «Les résultats indiquent que les concentrations moyennes de particules présentes dans l'air varient fortement de très faible à Safi 3 µ/m3 à très élevé à Tanger 22 µ/m3 PM2,5», indiquent les auteurs du rapport de la Banque mondiale. Casablanca enregistre 20 µ/m3 PM2,5, contre 15 µ/m3 à Paris, 66 à Onitsha, 111 à Peshawar et 156 en Arabie Saoudite.