La pollution atmosphérique touche près de neuf citadins sur dix dans le monde, révèle l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans sa nouvelle base de données sur la qualité de l'air dans 1.600 villes de 91 pays. Si la situation est plus ou moins sous contrôle dans les pays riches, la pollution de l'air s'aggrave en particulier dans les villes des régions en développement, l'Afrique et l'Asie du Sud-est, selon les données de l'OMS rendues publiques mercredi 7 mai. Le seuil maximum fixé par l'agence de l'ONU est de 20 microgrammes par mètre cube (µg/m3) pour la concentration moyenne annuelle de particules fines PM10 (d'un diamètre égal ou inférieur à 10 micromètres) dans l'air. Ce niveau est largement dépassé dans de nombreuses grandes métropoles comme Paris. Le Pakistan apparaît comme le plus à risques avec un niveau de concentration de 540 µg/m3 dans la ville de Peshawar (nord-est). Le pays voisin, l'Inde, n'est pas mieux loti : les villes les plus polluées sont Gwalior au sud de New Delhi et Raipu, dans le centre du pays. En Chine, où la question de la pollution de l'air est devenue un enjeu de taille, une vingtaine de villes, dont Pékin, dépassent les seuils sanitaires recommandés par l'OMS. Globalement, les chiffres de concentration de particules fines PM10 se sont accrus de 6 pc au cours des trois dernières années, s'alarme l'OMS qui avait publié une première base similaire de données en 2011. Dépendance persistante aux combustibles fossiles pour alimenter les centrales électriques, usage croissant de la voiture individuelle par les classes moyennes émergentes, construction de bâtiments peu économes en énergie, utilisation du charbon pour la cuisine et le chauffage, sont autant de facteurs qui expliquent le constat. Les meilleurs élèves en la matière sont la Suisse, la Suède, la Finlande, la Norvège, les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, les Etats baltes ou encore l'Australie avec une concentration moyenne de 22 µg/m3. Les particules fines pénètrent dans les ramifications les plus profondes des voies respiratoires et le sang, provoquant ainsi des troubles respiratoires, des maladies cardio-vasculaires et des cancers du poumon, selon l'OMS. En 2012, la pollution de l'air a été responsable du décès prématuré de 3,7 millions de personnes dans le monde. La mauvaise qualité de l'air, tant extérieur qu'intérieur, estime l'institution, "est désormais le principal risque environnemental pour la santé dans le monde". L'agence de l'ONU constate une prise de conscience croissante des risques pour la santé causés par la pollution atmosphérique et un meilleur suivi de l'état de l'air. Pourtant, déplore-t-elle, les contrôles restent lacunaires dans nombre de pays en développement, faute de réglementations.