Actuellement en visite au Maroc, le président tunisien dit être dans son pays. Après avoir passé son adolescence sur le sol du Royaume chérifien avec un père installé pendant 33 ans au pays de Mohamed VI, Moncef Marzouki entend relancer l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Pour sa première sortie officielle, le président Tunisien Moncef Marzouki a choisi le Maroc. Arrivé mercredi à Rabat, cette visite marque le début d'une tournée qu'il effectuera dans tout le Maghreb arabe. Après le Royaume chérifien, ce sera le tour de l'Algérie, la Lybie et la Mauritanie. Lien affectif Le président Moncef Marzouki se considère chez lui sur le sol marocain. Dans une interview accordée à la MAP, il confie: «Au Maroc, je suis dans mon pays». Il a tenu à rappeler qu'il a vécu pendant plusieurs années au Maroc où il a d'ailleurs obtenu son Baccalauréat au lycée Regnault de Tanger en 1964. Son père avait été naturalisé Marocain par Hassan II. M Marzouki précise: «Mon père a vécu et travaillé durant 33 ans au Maroc où il est enterré. La moitié de ma famille est marocaine. J'ai trois demi-frères (consanguins) qui sont marocains et qui vivent dans ce pays. C'est pourquoi ma visite revêt un caractère très intime». Forte volonté politique… Egalement au cœur de la visite de Moncef Marzouki, l'Union du Maghreb Arabe. Le leader politique tunisien entend faire sa part afin de revitaliser les relations entre les pays frères, souhaitant que cette année soit «l'année de l'Union maghrébine». Ce déplacement est «très important pour la Tunisie, en ce sens que nous allons œuvrer cette année à rétablir la cohésion avec nos frères algériens, marocains, libyens et mauritaniens, dans le but de ressusciter le grand rêve de l'Union maghrébine, gelée depuis des années», estime-t-il. ….mais, Il ne faut pas se leurrer S'il est vrai que M.Marzouki est très engagé et se dit décidé à tout mettre en œuvre pour une union du Maghreb, il faudrait prendre les choses avec beaucoup plus de réalisme, selon le politologue Mohamed Darif. «Déjà, c'est un président provisoire. Il faut prendre en considération cette réalité. Je crois qu'il faut attendre les élections présidentielles en Tunisie pour parler des compétences de Marzouki», explique-t-il à Yabiladi. Par ailleurs, «la nature du régime politique tunisien est à considérer. On se dirige vers un régime politique parlementaire. Le président de la république ne bénéficie pas des prérogatives décisionnaires… C'est le premier ministre qui devrait avoir le pouvoir d'engager ce genre de cause», a-t-il ajouté. Tout dépend de l'Algérie «Le problème de l'UMA n'est pas lié à la volonté d'un seul Etat», soutient M Darif. Pour lui, il faudrait que tous les autres pays en général et l'Algérie en particulier affichent le même engagement. «Le président Marzouki pense à une UMA à cinq pays excluant le pseudo Etat du Sahara. Hors, la réalité politique fait qu'il faudrait régler la question du Sahara qui oppose le Maroc à l'Algérie. Une résolution sans laquelle, il sera difficile de parler d'une véritable union entre ces pays», insiste-t-il. Même si le ministre marocain des affaires étrangères, M. Saad Dine El Othmani, a récemment effectué une visite à Alger, même s'il s'agissait de sa première sortie officielle depuis sa nomination et même si le gouvernement a exprimé une volonté de se rapprocher davantage de son voisin algérien, le politologue Mohamed Darif émet des réserves. «Il faut tout de même se doter d'un réalisme politique, la redynamisation de l'UMA dépend plus de la volonté algérienne que de celle du président Tunisien», a-t-il conclu. Pour rappel, l'Algérie s'est récemment opposée à l'ouverture temporaire des frontières pour le Tour cycliste marocain. Une décision tombée en pleine visite de M.El Othmani à Alger et au lendemain de la visite à Fès d'un groupe d'investisseurs algériens désirant nouer des partenariats commerciaux avec leurs homologues marocains. Les échanges entre acteurs économiques dans les deux pays sont de plus en plus envisagés, sans que le problème de le frontière ne soit résolu. Ce qui entraine un grand manque à gagner pour ces terres au potentiel énorme.