Les victimes du projet Saada Atlantic sur les côtes d'Asilah, à l'entrée nord de la ville, ont intenté un procès depuis un an. Le dossier évoluant lentement, les associations montent au créneau et tentent de redonner de la visibilité à leur situation restée en suspens, au lendemain des révélations sur l'affaire Bab Darna. Les scandales d'arnaques immobilières se multiplient. Dernier fait en date, des victimes marocaines, vivant dans le pays ou ailleurs, ainsi que des ressortissants étrangers, sont de plus en plus nombreux à protester contre la lenteur de l'examen de leur dossier qui remonte à 2003. Il s'agit de celui du projet Saada Atlantic à l'entrée d'Asilah, où près de mille acheteurs ont avancé d'importantes sommes d'argent sans jamais voir leurs biens habitables. La suite d'une première plainte déposée en 2018 a enfin donné lieu à une instruction, au cours de laquelle le promoteur a comparu le 16 décembre dernier, avant que les suites de son audience ne soient reportées au 11 février 2020 par les juges du tribunal de première instance de Tanger. Par ailleurs, le promoteur est poursuivi en état de liberté, ce qui provoque l'ire de victimes qui l'ont vu relâché par le juge d'instruction. A l'image de l'affaire «Bab Darna», le lancement de ce projet immobilier a été accompagné d'importantes campagnes publicitaires pour attirer plus de clients, qui ont dû verser entre 50 000 et 100 000 dirhams afin de réserver appartement résidentiel ou petite villa, mais qui n'a pas encore été mise sur pied. En tout et sur 600 appartements promis, seul 100 ont été construits, livrés inachevés, sans branchements d'eau ni d'électricité, selon les propriétaires. Emission spéciale MRE : Bab Darna, une arnaque au-delà des frontières De plus, le promoteur immobilier aurait vendu un même bien à plusieurs acheteurs, empochant ainsi la valeur de l'habitation en question à plusieurs reprises et laissant les clients concernés découvrir qu'ils avaient tous signé de faux contrats. Une affaire et plusieurs irrégularités Dans la foulée, les autorités locales découvrent que le complexe résidentiel ne correspondait pas au plan déposé auprès de l'agence urbaine, puisque les espaces verts ont sauté pour être remplacé par des constructions en dur, a souligné mardi à Lakome le président de l'association des victimes du projet, Mohamed Belmamoun. De plus, le terrain n'a lui-même pas de titre foncier. Contacté par Yabiladi, un avocat du barreau de Tanger a affirmé que «ce promoteur avait arnaqué même des personnes travaillant au sein du corps judiciaire». «Il n'a pas encore réglé sa situation vis-à-vis du service foncier, en plus du fait que son bien ne soit pas branché à l'eau et à l'électricité dont l'abonnement est tout simplement inexistant», nous explique notre interlocuteur qui souligne que des câbles électriques détournés permettent d'approvisionner les quelques biens habités occasionnellement, d'où la multiplication de pannes lorsque certains des acheteurs sont là. Projet immobilier Saada Atlantic : 16 ans d'attente et des acheteurs toujours dans l'expectative Dans un précédent entretien accordé à Yabiladi en mars dernier, l'un des acheteurs a expliqué que sur les huit blocs du projet Saada Atlantic, «les autorités locales ont pu accorder le permis d'habiter pour les tranches 4 et 5». Selon lui, «il reste six blocs qui ne sont pas finis en partie, dont un qui n'est même pas encore construit». Les six blocs sont occupés par les acheteurs parmi ceux ayant accepté de verser 50% du prix de leur bien depuis 2009.