Valérie Alighieri est médecin nutritionniste spécialisée dans les maladies métaboliques et les régimes amincissants. Diplômée de la faculté de médecine de Besançon, en France, elle a installé son cabinet à Casablanca. Aux jeunes femmes en quête de rondeurs, elle conseille de voir un spécialiste et de ne jamais détourner un traitement. Des femmes sont-elles déjà venues vous consulter pour prendre du poids ? Quelques patientes sont venues me consulter dans ce contexte mais elles sont plutôt rares. Il s'agit, le plus souvent, de jeunes adolescentes dont l'un des parents s'inquiète de voir «maigre» et «faible». Un bon poids représente, pour les parents en général et encore plus au Maroc, un signe de bonne santé. Il y a également de jeunes femmes célibataires, entre 20 et 30 ans, ayant, la plupart du temps, une activité professionnelle. Elles vivent mal leur maigreur et cherchent à la camoufler par la superposition de vêtements. En dehors du mal être et des conséquences sur leur santé (manque d'assurance, asthénie, hypotension), ces jeunes Marocaines pensent ne pas être séduisantes car leur faible poids leur donne l'air trop jeune. Elles trouvent aussi qu'il leur donne moins d'importance, au niveau professionnel. Ces deux profils ont-il des points communs ? Dans tous les cas, ce sont des personnes au tempérament plutôt anxieux ayant une perte d'appétit chronique accentuée par les évènements quotidiens : stress des études scolaires, examens, responsabilités professionnelles, problèmes avec leurs collègues de travail, problèmes personnels ou familiaux ... Dans quelques cas la perte d'appétit est liée à une affection digestive qui peut être traitée. Un médecin peut-il prescrire des médicaments pour faire grossir ? En règle générale, les médicaments agissant sur le système nerveux central destinés à ouvrir l'appétit ont été retirés du marché. Au Maroc, on trouve encore des produits destinés à favoriser l'appétit. Il ne faudrait pas les consommer surtout sans avis médical. Si un médecin est amené à prescrire ces produits, il le fera certainement sur une durée limitée. Problème : les médicaments étant vendus en pharmacie sans prescription, le patient sera tenté de faire de l'auto-médication et pourra poursuivre son traitement à l'insu du médecin prescripteur. Certains médicaments, comme les antihistaminiques (Periactine), sont-ils dangereux ? Tous les traitements dont on a détourné l'indication (anti histaminiques, extraits hormonaux ...) sont forcément à proscrire. Ceci est valable, d'ailleurs, pour tous les traitements. Les indications doivent toujours être respectées. On ne peut jamais être sûr des effets produits par une molécule lorsqu'elle n'est pas correctement utilisée. Les compléments vitaminés simples, eux, ne sont pas un problème bien qu'il faille respecter aussi les dosages.