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Jacques Majorelle, l'orientaliste qui réforma la peinture marocaine
Publié dans Yabiladi le 02 - 12 - 2019

Amoureux du Maroc et plus particulièrement de Marrakech, dont il admirait la vivacité des couleurs, Jacques Majorelle a largement contribué à réformer la peinture marocaine, notamment dans les formes et les tonalités. Il laisse derrière lui une empreinte toujours palpable avec le fameux jardin Majorelle.
C'est un autre grand orientaliste français amoureux du Maroc. De lui, on connaît surtout le fameux jardin où furent dispersées les cendres du couturier Yves Saint Laurent, après sa mort le 1er juin 2008. Il ne fait aucun doute que Jacques Majorelle fut un passionné du Maroc, de ses couleurs et de ses paysages, qu'il découvrit pour la première fois en 1917, lorsqu'il arriva à Marrakech. Atteint d'une maladie pulmonaire, le peintre recherchait en effet les climats chauds et secs. Avant Marrakech, entre 1910 et 1914, il transita par l'Espagne, l'Italie (Venise) et l'Egypte, apprend-on sur le site Mémoire Afrique du Nord.
Jacques Majorelle est le fils de Louis Majorelle, ébéniste d'art reconnu, célèbre pour ses créations de meubles style Art Nouveau. Il naît le 7 mars 1886 à Nancy. D'abord élève à l'Ecole nationale des Beaux-arts de Nancy, il intègre par la suite l'Académie Julian, à Paris, une école de peinture et de sculpture. A vingt ans, en 1906, il expose pour la première fois dans la capitale.
L'orientaliste Jacques Majorelle. | DR
Son arrivée, pour la première fois, à Marrakech en 1917 bénéficie de l'appui des autorités françaises, dont celle du maréchal Lyautey. «C'est là qu'il va puiser son inspiration. Lui qui venait du froid, découvre une ville écrasée par le soleil, une lumière faite de contrastes et de couleurs chatoyantes. Il restera toute sa vie "dans cette ville immense langoureusement étalée au pied des cimes neigeuses"», indique le site Mémoire Afrique du Nord.
Il peint les souks et les marchés, les femmes marocaines, les paysages montagneux, les demeures berbères. En somme, la vie quotidienne. «La poussière joue un rôle majeur dans ses tableaux. Elle saupoudre toutes les scènes d'une atmosphère de rêve. Il expose régulièrement. La critique est élogieuse. Il devient le peintre du Maroc», ajoute le site Mémoire Afrique du Nord.
Un réformateur de la peinture marocaine
Preuve que l'Atlas fut l'une de ses sources d'inspiration, il exposa en 1921, un an avant son installation définitive à Marrakech, 97 tableaux dont trente consacrés à cette chaîne montagneuse. Lyautey lui achètera trois toiles pour la résidence de Rabat. L'Atlas fait ainsi l'objet de nombreux de ses déplacements. «Avec ses croquis et dessins, il exécute des compositions à la détrempe mélangée de poudre d'or et d'argent. Une dizaine de ces œuvres est reproduite dans son ouvrage Kasbahs de l'Atlas daté de 1930», indique Mylène Théliol, docteure en histoire de l'art à l'université de Bordeaux III.
En 1928, Jacques Majorelle passera également plusieurs mois dans la vallée d'Oulina pour peindre la kasbah d'Amoniter. «Je fais trois séances par jour. Je rentre à sept heures, le cerveau en compote. Je patauge, mais j'insiste. Il faut que je tienne le coup pendant quatre mois», écrit-il à son épouse.
Quatre ans après cette première exposition, en novembre 1925, l'Association des peintres et sculpteurs du Maroc organise une exposition au palais des Beaux-arts de Lisbonne, dont le thème est le Maroc géographique. «Les peintres Jean Hainaut et Jacques Majorelle sont à nouveau prisés lors de cette manifestation. Les toiles rapportées des confins des montagnes de l'Atlas exhibent leurs couleurs», explique encore Mylène Théliol.
«Plus qu'aucun avant tout autre, Majorelle a été séduit par l'Atlas, la puissance et la simplicité de ses couleurs et de ses formes», écrit de son côté le professeur Albert Charton dans «La peinture géographique au Maroc» (Le monde colonial illustré, n° 39, novembre 1926).
La peinture marocaine doit beaucoup à Jacques Majorelle, dont il réforma en partie les tonalités et les formes, ainsi que la technique de synthétisation des sujets. «Ses peintures (…) se distinguent par une simplification, une accentuation des contrastes et une modification des échelles. Il est peut-être qualifié d'orientaliste cubiste», explique précise la spécialiste. Cet attachement au paysage montagneux lui vaut d'être intégré, par quelques critiques d'art, aux peintres géographes marocains dont la société est créée en décembre 1926.
Une signature considérée comme unique
Jacques Majorelle aura également une influence symbolique dans la représentation du Maroc sur les affiches françaises. «Son influence est majeure même s'il n'a produit qu'une dizaine d'affiches sur le protectorat. Et, en même temps, sa signature est unique : c'est sans doute pour cela qu'il a influencé d'autres créateurs de son temps sans jamais pouvoir être imité», explique l'historien Pascal Blanchard, spécialiste de l'Empire colonial français, dans un article intitulé «Le Maroc dans l'affiche française (1906-1956). Entre monde médiéval et colonie idéale».
Pour cet historien, Jacques Majorelle fut aussi un inlassable promoteur du Maroc en tant que destination touristique et un promoteur «de premier plan» de son développement. «Sa fascination pour les paysages marocains, mais aussi une vision très personnelle et un style unique donnent au Maroc contemporain une personnalité hors du commun», souligne Pascal Blanchard. Dans les années 1920, il fixe formes et couleurs, compose les styles de l'affiche marocaine, «constituant une sorte de catalogue typologique du regard à poser sur le pays».
Le Maroc par Marseille, par Majorelle (1926). | Ph. Imprimerie Lucien Serre, Paris (reproduit avec l'aimable autorisation de Malika. Editions, L'affiche orientaliste, Collection de la Fondation Abderrahman Slaoui.
Son empreinte est palpable jusque dans les plus somptueux palais marocains. Ainsi, en 1924, il peint le plafond de l'hôtel Mamounia à Marrakech, fasciné qu'il est «par ces murailles immenses, par ce monde profondément ''féodal'', par ces immenses palais qui lui donnent le sentiment d'étouffement et de puissance impénétrable». En 1922, il glissera même ces quelques mots : «Je sens que ces murs énormes étouffent tant de plaintes, cachent tant de souffrances.»


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