Le rapprochement entre le Maroc et l'Afrique du sud avance à petits pas    GPC ouvre une nouvelle usine à Meknès    La Bourse de Casablanca clôture in extremis dans le rouge    Code de procédure civile : Les avocats boycottent les audiences    Le prix Nobel de médecine remporté par deux Américains    La France et le Qatar appellent à un embargo sur les armes contre Israël    Températures prévues pour le mardi 08 octobre 2024    Marrakech: L'administration de la prison dément les allégations de suicide de deux prisonniers    Piratage : 4,2 milliards de dirhams détournés d'un compte à Tanger et retrouvés à Inezgane    Sociétés cotées. Bénéfices en forte hausse    CNIE et Convois de fonds: Signature de deux accords entre la DGSN et Bank Al-Maghrib    Marché obligataire : reprise des taux à court terme    Une délégation de Sénateurs américains reçue par Abdeltif Loudyi    Le Conseil de gouvernement s'apprête à examiner la reconnaissance réciproque des permis de conduire entre le Maroc et l'Espagne    Les droits de l'Homme et la prévention de la torture, une priorité première de la politique pénale (M. Daki)    Tunisie: Saïed réélu président pour un second mandat avec 91% des suffrages    L'aide militaire américaine à Israël a atteint 17,9 milliards de dollars depuis le 7 octobre 2023    Reçu par Bourita, un haut cadre du parti présidentiel sud-africain plaide pour le rapprochement avec le Maroc    Coupe de la CAF (tirage au sort): la RS Berkane dans le groupe B, voici ses adversaires    Ford se prépare pour le Dakar avec deux véhicules engagés au Rallye du Maroc    Football : Regragui convoque Youssef Belammari en renfort après la blessure de Mazraoui    L'équipe nationale du Maroc U17 affronte l'Arabie Saoudite en amical    Des eurodéputés s'indignent d'une décision qui « porte atteinte aux intérêts économiques européens »    M. Bourita s'entretient avec une délégation de sénateurs américains    Climat des affaires. Progrès et défis    Variant Mpox : validation clinique du kit de diagnostic "UM6P-MAScIR MPOX qPCR"    Métiers en voie de disparition : la céramique de Meknès renaît de ses cendres    Tarfaya : Avortement d'une tentative d'immigration illégale de 60 personnes    Tangier : Arrest of a Portuguese national subject of an Interpol red notice    Tourisme interne : Lancement de la 2e vague de la campagne "Ntla9awfbladna"    France : Un caftan marocain en chocolat défile au Salon du chocolat de Paris    Maroc : Au-delà du trauma, d'autres-archives pour documenter les «années de plomb» [Interview]    Nation Sportive étend son réseau avec deux nouveaux clubs UFC Gym à Rabat    Décision de la CJUE. Le gouvernement espagnol réaffirme l'importance stratégique du partenariat UE-Maroc    La Galerie Shart présente "Analogies", une exposition de l'artiste Fatime Zahra Morjani    « L'batal », le nouveau film produit par RedOne    Revue de presse de ce lundi 7 octobre 2024    Rulani Mokwena : « Ne pas jouer avec des supporters au Maroc me préoccupe beaucoup » !    La FAO alerte sur la hausse des prix des produits alimentaires en septembre    Joker: Folie à deux en tête du box-office    Migrants : au moins 973 traversées illégales de la Manche samedi, un record en 2024    La Peña Madridista arpente les allées du Santiago Bernabéu arborant une carte authentique du Maroc et fait sensation    Tanger : interpellation d'un ressortissant portugais faisant l'objet d'une notice rouge d'Interpol    Météo: les prévisions du lundi 7 octobre    Des fonctionnaires fantômes repérés au sein de la Chambre des conseillers    Inédit : La France mobilise un sous-marin nucléaire dans un exercice naval avec le Maroc    Une grande dame du cinéma, du théâtre et de la télévision s'en est allée    Le Roi Mohammed VI adresse un message de condoléances suite au décès de l'actrice Naima Lamcharki    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les rencontres sur Internet au Maroc : Entre cache-misère sexuel et échappatoire
Publié dans Yabiladi le 14 - 11 - 2019

Les plateformes de rencontre sur Internet change-t-elle les rapports hommes-femmes ou sont plus un reflet de la «misère sexuelle» au Maroc ? C'est ce qu'analyse pour Yabiladi le psychologue clinicien Réda Mhasni, sur la base de son expérience et de témoignages recueillis par notre rédaction.
Les applications et les sites de rencontres au Maroc transforment-ils les interactions sentimentales entre hommes et femmes ? Ce qui en ressort pour le moins est qu'ils constituent un espace où les normes sociales peuvent être brisées, notamment grâce au support (smartphone, ordinateur, tablette) derrière lequel les personnes se sentent en sécurité car insoumis aux jugements conventionnels.
C'est ce que nous explique Rachida*, 27 ans, qui nous confie visiter des sites de rencontre pour faire connaissance avec des gens de pays étrangers, «soit pour apprendre une nouvelle langue, soit pour en apprendre davantage sur la culture d'un pays, avec cette liberté de pouvoir interrompre le contact sans avoir de problèmes dans la vraie vie». «Je n'y vais que quand je m'ennuie et que j'ai envie de parler à des personnes en dehors de mon entourage», nous explique-t-elle.
«Cela dit, j'ai eu une expérience avec un ressortissant étranger, où notre échange s'est développé au fil des mois. Notre amitié s'est renforcée avec le temps et nous avons commencé à avoir des sentiments l'un pour l'autre, mais malheureusement, cela n'a pas abouti au mariage, pour des circonstances indépendantes de notre volonté», souligne-t-elle encore.
Une dualité des usages
Rachida* nous confie également être moins à l'aise avec les applications, à l'image de Tinder. «Je l'ai téléchargée pendant un jour, mais j'ai découvert que la plupart des gens qui me parlaient avaient de mauvaises intentions et je l'ai donc supprimée», nous explique-t-elle.
En revanche, Mounir*, 26 ans, confie à Yabiladi avoir téléchargé une application de rencontres après une rupture amoureuse. «Je voulais d'abord combler le vide émotionnel que cette séparation m'a laissé et mon but était donc de trouver quelqu'un avec qui je pourrais parler pour surmonter cette crise», nous explique-t-il.
Si cet usage est pour lui une forme d'échappatoire affective, le jeune homme ne conçoit pas que l'on puisse envisager une relation sérieuse, voire un mariage, avec une personne rencontrée sur ce type de plateforme. «Ces sites ne sont pas un bon endroit pour trouver un partenaire de vie, mais cela ne signifie pas que les filles qui les visitent soient immorales ou ne peuvent pas être un bon partenaire. J'y ai rencontré des filles très respectueuses, avec des valeurs humaines et nous sommes restés de bons amis», nuance-t-il.
Ce point de vue est d'ailleurs partagé par d'autres utilisatrices, comme Loubna*, 24 ans, qui affirme ne «jamais sortir avec un jeune homme rencontré sur ces plateformes, même si on peut se connaître longtemps dessus». Mehdi*, 30 ans, estime pour sa part, que son utilisation des applications de rencontres «vise d'abord à trouver des plans d'un soir, même si on peut s'apprécier par la suite».
Un espace qui n'obéit pas aux représentations sociales collectives
L'utilisation de ces plateformes au Maroc offre la possibilité de faire des rencontres au-delà des restrictions posées dans l'espace public réel, qui «exclut de facto les femmes comme composante principale du couple», explique à Yabiladi, Réda Mhasni, psychologue clinicien et psychothérapeute. «Ainsi, on va observer davantage des internautes femmes sur ces plateformes, qui constituent également un espace transitionnel, où il n'existe pas d'engagement redouté par beaucoup de jeunes», souligne le spécialiste.
«Sur Tinder, par exemple, les utilisateurs savent qu'ils ne sont pas là pour des relations durables. Mais pour des cas sur Facebook, certaines prises de contact ont abouti à des relations sérieuses, voire à la création de famille», nuance l'enseignant de psychologie à l'Université internationale de Casablanca, montrant ainsi que les comportements diffèrent selon la nature des plateformes.
«Ceci étant, dans le cas du Maroc, cet espace transitionnel qui protège de l'engagement n'est pas uniquement celui de rencontres d'individus qui assument leurs choix et conceptualisent les rencontres d'un soir», explique-t-il. Tinder est également «une plateforme détournée de la rencontre désengagée par une partie des professionnelles du sexe, pour trouver des clients».
«Malgré une certaine évolution des moeurs, le mariage demeure ancré dans notre société, surtout pour les femmes. Il est même une solution économique (et donc une monétisation d'un rapport durable)», indique encore Dr. Mhasni. Certains utilisateurs restent ainsi sous le joug des conventions sociales malgré cet espace libéré des normes traditionnelles. Réda Mhasni l'explique d'ailleurs par le fait qu'on ne soit «pas encore dans une tendance générale de rencontres entre adultes consentants, dont la finalité commune est de passer un agréable moment».
«Je pense que l'utilisation des réseaux sociaux ou des plateformes de rencontres pour 'un plan d'un soir' concerne une minorité de la société marocaine, qu'on peut limiter à deux groupes : de jeunes adultes qui se cherchent ou qui sont dans l'expérimentation, ou des adultes assumés conscients de leurs attentes.»
Réda Mhasni, psychologue clinicien
Autant dire que le recours à l'utilisation de ces plateformes par les internautes marocains revêt une forme de dualité qui posent des questions sur l'évolution des pratiques, des normes sociétales et législatives.
«Nous sommes face à des personnes en âge d'avoir des pratiques sexuelles mais ne peuvent le faire à cause des interdits, du hchouma, du haram et du qu'en dira-t-on. Or, selon les données du HCP, l'âge de mariage au Maroc recul sensiblement (28 ans pour les femmes et 30 ans pour les hommes en moyenne). Donc la question se pose sur la gestion de leur sexualité avant le mariage, ce qui se fait souvent dans une forme de maladresse, de clandestinité et surtout de dangerosité, avec énormément de culpabilité», analyse pour sa part Réda Mhasni.
«Tant que les représentations mentales de la société, en plus des lois, des valeurs et des conventions ne changent pas, ces jeunes ne pourront pas se réconcilier avec leur sexualité et la vivre pleinement.».
Reda Mhasni
Et d'ajouter que «ces réseaux sociaux permettent la connaissance de l'autre sans engagement, sans se concrétiser forcément pas une relation sexuelle». D'ailleurs, «se faire une idée sur la rencontre homme-femme, sur les attentes des uns et des autres sous forme de simulation d'un lien qui ne franchit pas toujours le virtuel est en soi un plaisir pour une partie des utilisateurs», développe le spécialiste.
Mais il alerte sur une accoutumance, une addiction à la relation virtuelle : «L'absence de cette personne qu'on ne connaît même pas dans la vraie vie peut parfois provoquer une souffrance, voire des symptômes de sevrage.» Vu ainsi, le monde virtuel peut s'apparenter à une forme de «cache-misère sexuel», selon Réda Mhasni. Un monde alternatif, où l'«on peut se targuer d'avoir certains talents de séduction, un savoir-faire, une expérience humaine, un art de vivre qu'on n'a probablement pas en réalité et qui reste invérifiable», explique-t-il.
* Les prénoms ont été changés


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.