Inculquer une éducation sexuelle, établir une relation de confiance... Les actes d'agressions sexuelles sur les enfants au Maroc sont un fléau qui se propage en silence. L'ampleur de ce phénomène reste difficile à cerner en raison du manque de chiffres concrets mais la réalité des choses se révèle beaucoup plus inquiétante. Le constat émane de Ghita Alami, psychologue clinicienne de l'enfant et l'adolescent, lors de son intervention, en marge d'une rencontre virtuelle organisée par l'Association marocaine de psychologie, sous le thème «Comment protéger nos enfants contre les agressions sexuelles». «On reçoit beaucoup de cas d'agressions sexuelles. C'est quelque chose qu'on voit malheureusement très souvent», affirme cette psychologue. En effet, les agressions sexuelles peuvent avoir, à court ou long terme, de sévères répercussions physiques et psychologiques. D'ailleurs, les parents doivent déceler chez les enfants des signes de violence sexuelle. «Il y a une catégorie d'enfants qui ne parlent pas mais présentent des signes physiques et psychologiques qui alertent. On peut constater par exemple chez l'enfant des difficultés scolaires, l'isolement, des attaques de panique ou l'agressivité. Chez les filles, on peut relever de l'anorexie, tremblements, cris ou troubles alimentaires. Chez les petits de moins de 6 ans, on peut remarquer des comportements inhabituels. Par exemple, ils peuvent jouer avec leurs poupées et ils répètent exactement l'acte sexuel qu'ils ont subi». Pour protéger les enfants, l'éducation sexuelle est la clé. Selon Ghita Alami, il faut l'inculquer à un jeune âge. C'est-à-dire selon la tranche d'âge. Quand il arrive à l'âge de 2 ans, l'enfant doit comprendre son corps. Cela est important pour la construction psychique de l'enfant. Après, il faut vraiment démarrer la vraie prévention. Cela à travers l'achat de livres sur la sexualité (selon son âge) mais sans entrer avec l'enfant dans des termes compliqués. «Il existe d'excellents livres sur la sexualité, l'identité sexuelle et la reproduction qui ont été pensés tant pour les parents que pour les enfants. D'ailleurs, la lecture permet de surmonter la gêne», indique-t-elle. En effet, l'enfant doit être en mesure de reconnaître une situation d'exploitation sexuelle et de s'en défendre. «Il faut apprendre à l'enfant à respecter son corps et son intimité et à dire non. A partir de l'âge 7-8, l'enfant doit savoir la différence entre un homme et une femme. Ce sont des choses à expliquer», dit-elle. Enfin, la psychologue recommande aux parents d'établir un rapport de confiance avec l'enfant. «Il faut apprendre aux enfants quelque chose de primordial, ne jamais faire ce qu'ils n'ont pas envie de faire, ceci étant dans les limites des règles éducatives. Les enfants sentent très bien ce qu'ils veulent par eux-mêmes, et ce qu'ils ne veulent pas».