L'élection présidentielle algérienne aura lieu le 12 décembre, malgré la persistance des manifestations refusant d'élire un successeur d'Abdelaziz Bouteflika avant le départ de tous les symboles de l'ancien régime. Cinq candidats tenteront de regagner la confiance des électeurs, avec des visions différentes sur plusieurs questions, dont l'avenir des relations avec le Maroc. Quelques semaines avant la tenue de l'élection présidentielle en Algérie, les cinq candidats dont les dossiers ont été acceptés par le Conseil constitutionnel commencent à présenter leur programme électoral. Des questions en rapport avec la politique, l'économie et le social, ainsi que les visions des relations extérieures, particulièrement avec le Maroc, sont à l'ordre du jour. Abdelmadjid Tebboune ou le maintien de la politique de Bouteflika «Le Maroc ne partira pas et nous ne partirons pas. Nous sommes des frères qui partageons le sang et la langue», a déclaré Abdelmadjid Tebboune, le candidat ayant le plus de chances de succéder à Abdelaziz Bouteflika, lors d'une émission télévisée de la chaîne El Bilad. En ce qui concerne le problème de la frontière terrestre entre les deux pays, fermées depuis 1994, il a affirmé vouloir «dissiper la confusion». «Les frontières n'ont pas été fermées à cause du Sahara occidental ou autres. Elles ont été fermées le jour où le peuple algérien a été insulté», a-t-il déclaré. S'agissant de sa position vis-à-vis du Sahara occidental, elle ne diffère pas de celle de son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika. «Le Sahara occidental est un dossier de décolonisation qui doit régler le colonialisme par un référendum d'autodétermination. S'ils veulent être Marocains, Dieu leur facilitera la tâche. S'ils veulent être libres, qu'ils le soient», a-t-il précisé. «Le jour de son occupation du Sahara occidental, le Maroc l'a partagé avec la Mauritanie. Acceptez-vous de diviser votre patrie ? La Mauritanie s'est retirée et le Maroc a pris sa part. Le dossier n'est pas simple. C'est celui de la décolonisation.» Abdelmadjid Tebboune Bien qu'il se présente en tant qu'indépendant, Abdelmadjid Tebboune est décrit comme un candidat du pouvoir et de l'armée. Il a occupé le poste de Premier ministre sous Abdelaziz Bouteflika et soutenait aussi le cinquième mandat du président algérien, avant que ce dernier ne soit contraint de démissionner. Ali Benflis estime que «le dialogue est la seule solution pour résoudre les différends» Pour sa part, la position du candidat Ali Benflis sur les relations maroco-algériennes reste plus modérée. Invité également par la chaîne algérienne El Bilad, il a affirmé que «le dossier des frontières sera évoqué et discuté». «Nous ne sommes pas des ennemis avec les Marocains. Ce sont nos frères et nos voisins», a-t-il ajouté. Ali Benflis esitme que «lorsqu'il y a des dossiers et des questions épineuses, il faut se rencontrer, dialoguer et trouver des solutions sans créer d'hostilité envers le Maroc». «Au contraire, il faut que nous nous approchions d'eux», conclut-il. Pour rappel, le président du parti Avant-garde des libertés (Talaie El Houriat) a été Premier ministre de 2000 à 2003. Le dossier du Sahara vu par Abdelkader Bengrina et Azzedine Mihoubi, et l'UMA selon Abdelaziz Belaid Le candidat à la présidentielle Abdelkader Bengrina, qui dirige le mouvement Al Bina Al Watani, a lui aussi évoqué les relations maroco-algériennes. Dans une interview accordée à l'agence russe Sputnik, il a reconnu que le fait de traiter avec le Maroc n'est pas uniquement lié à la question du Sahara. Il a ajouté que le différend territorial est le «dossier d'un peuple qui veut son autodétermination (…) [qui est] sur la table des Nations Unies». «Nous soutenons la légitimité internationale en veillant à ce que le peuple sahraoui soit capable de s'autodéterminer et de jouer son rôle dans la sécurité, la paix et le développement de la région, loin de toute violation du droit international», a-t-il ajouté. Et de qualifier les Sahraouis de «peuple qui souhaite réaliser ses aspirations». Pour Abdelkader Bengrina, «il existe un effort pour construire un Maghreb arabe uni afin de pouvoir sortir de l'état de vulnérabilité individuelle et d'exploitation occidentale de ses pays respectifs». Dans une interview similaire accordée à l'agence russe Sputnik, le candidat à la présidence algérienne Azzedine Mihoubi a déclaré que sur «la question palestinienne et la question sahraouie, la position de l'Etat et du peuple est la même». L'ancien ministre de la Culture et secrétaire général du Rassemblement national démocratique a ajouté que «la position de l'Algérie sur la question sahraouie est claire et franche». «Le peuple sahraoui a le droit de s'autodéterminer, conformément au règlement de l'ONU», a-t-il déclaré, considérant que «le progrès des relations avec le Maroc dans toutes ses dimensions ne nécessite pas de diligence, car elles vont au-delà de l'histoire et de la géographie pour des liens de fraternité et de voisinage». «C'est aussi la foi dans le Grand Maghreb, fondé sur la Conférence historique de Tanger», conclut-il. Enfin, le président du Front Al Moustakbal Abdelaziz Belaid avait déjà exprimé sa position concernant la question de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2014, il avait insisté sur la nécessité de construire un front maghrébin face aux ambitions étrangères, et avait appelé à l'ouverture de la frontière entre les deux pays. Abdelaziz Belaid avait également appelé à ouvrir des voies de dialogue pour surmonter les problèmes existants entre l'Algérie et le Maroc, plaidant pour le rejet des idées évoquant une «inimitié entre les deux voisins pour l'éternité».