La déception est grande au lendemain de la nouvelle nomination du gouvernement marocain. La «concoction» politique négociée aux forceps dans les coulisses en dit déjà long sur la sempiternelle «spécificité» d'une démocratie marocaine encore titubante et qui a bien de la peine à s'affirmer. Mais s'il est vrai qu'il est encore trop tôt et assez prétentieux de critiquer de façon objective l'action politique de ce gouvernement, il est pratiquement impossible de passer sous silence la quasi absence des femmes au sein de ce même gouvernement ! Alors que la nouvelle constitution du Maroc stipule l'égalité entre hommes et femmes, le nouveau gouvernement a été incapable de concrétiser cet apport juridique majeur au sein de cette première équipe ministérielle de la nouvelle ère constitutionnelle. Si il est vrai que la compétence en politique n'est pas liée au genre féminin ou masculin, il reste que la participation politique des femmes dans une société donnée est un indicateur de taille du degré de maturité, de développement et de modernité de cette société. Une seule femme au sein d'un gouvernement de 30 ministres est une belle leçon de «non –démocratie» et de déni de droits aux femmes marocaines d'aujourd'hui. C'est, il faut le dire, une véritable honte pour le Maroc, ses femmes et ses hommes. Car ce ne sont pas les compétences politiques féminines qui manquent. La compétence politique des femmes au Maroc, comme ailleurs dans de nombreux pays arabes, n'est plus à démontrer sociologiquement et historiquement parlant. Mais, c'est là une récurrence de l'histoire que de voir des femmes participer massivement aux différentes évolutions politiques de leur pays comme la lutte anti-coloniale, les revendications féministes, les récentes révolutions arabes… pour finir par être marginalisées aux lendemains de ces processus historiques ! Stipuler l'égalité au sein de la nouvelle constitution au Maroc n'a pas eu d'impact sur la réalité des lendemains supposés être des tournants historiques glorieux ! Cela démontre encore une fois qu'il n'est pas suffisant de légiférer pour asseoir la parité et l'égalité dans la réalité sociale de tous les jours. La quasi absence des femmes au sein du nouveau gouvernement témoigne encore une fois du grand décalage qui existe entre l'instauration de lois théoriques et la réalité culturelle, sociale et politique d'un pays comme le Maroc. La démocratie ainsi que son principal corollaire de l'égalité entre hommes et femmes ne peuvent pas être uniquement des slogans arborés le temps d'une campagne électorale afin d'afficher ses «prétentions» démocratiques. Ils doivent émaner d'une véritable conscience et volonté politique qui malheureusement font encore défaut chez nos décideurs politiques. L'égalité comme la démocratie sont avant tout une éducation…. Une éducation spirituelle, culturelle et politique qui commence très tôt dans la vie des femmes et des hommes d'une société. C'est un processus de longue haleine qu'on ne peut pas résoudre uniquement par des lois ou des discours politiques vidés de leur âme… L'absence de cette éducation est malheureusement flagrante aujourd'hui dans un pays comme le Maroc où un gouvernement supposé illustrer les changements historiques conjoncturels reflète l'inégalité entre femmes et hommes dans toute sa triste réalité !! Visiter le site de l'auteur: http://www.asma-lamrabet.com