Le Maroc célèbre la journée nationale de la femme marocaine. C'est une journée qui met en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes. La journée nationale de la femme marocaine est célébrée dans un contexte marqué de vifs débats sur les droits de la femme et dans le contexte d'un remaniement où la représentativité féminine reste mineure. En effet, la présence modeste de la femme, aussi bien dans les postes de prise de décision, ou dans les institutions représentatives, telles que le Parlement et les collectivités territoriales, ou dans les partis politiques témoigne de l'exclusion des femmes du processus de développement social. Selon Saida Drissi, ex-présidente de l'Association Démocratique des Femmes au Maroc (ADFM) et militante pour les droits de la femme, les chiffres parlent d'eux-même de la situation de la femme au Maroc. « Les statistiques officielles montrent que les femmes continuent à souffrir de l'analphabétisme et du chômage, beaucoup plus que les hommes. D'ailleurs, l'activité économique des femmes a baissé dernièrement sans que cela interpelle personne. S'ajoute à cela que les femmes souffrent souvent de la pauvreté et de la marginalisation et ce, plus que les hommes« , a-t-elle expliqué. Pour elle, aucune avancée en ce qui concerne l'amélioration du statut de la femme n'a été enregistrée dernièrement. « Certes, le principe d'égalité entre hommes et femmes au Maroc a été institué dans la Constitution de 2011 et plus précisément au niveau de l'article 19. Toutefois, il faut noter que la parité et l'égalité, qui sont stipulées par la Constitution, restent toujours un vœu pieux. Avec un gouvernement pareil conservateur, on ne peut pas espérer plus. Il n'y a pas de volonté politique pour concrétiser cette égalité hommes-femmes. Il faut aujourd'hui établir un dispositif bien fondé pour promouvoir la parité au Maroc« , a-t-elle expliqué. Pour Mme Drissi, il est important « d'ouvrir le chantier d'une réforme globale de toutes les lois discriminatoires, en l'occurrence le Droit de la famille, qui a démontré ses failles par rapport à la tutelle légale qui est octroyée uniquement au père, et le Code pénal« . D'après elle, le seul point positif est la loi sur les terres collectives. « Il s'agit d'une loi qui reconnait les femmes comme des ayants droit aux terres collectives, tout comme les hommes, et qu'elles peuvent bénéficier des terres comme elles peuvent aussi représenter leurs jmaas ou les associations des douars. Cette loi va régler plusieurs problèmes des femmes par rapport aux terres collectives », a-t-elle relevé. Pour sa part, Jamila Sayouri, avocate militante des droits de l'Homme et présidente de l'association Adala (justice) pour le droit à un procès équitable, a indiqué à Barlamane.com/fr que le Maroc a déployé plusieurs efforts pour améliorer le statut de la femme au Maroc. Toutefois, la promotion des droits des femmes demeure un grand défi. « Le Maroc a lancé une série de mesures pour améliorer ce statut, à savoir la Moudawana, le code de la nationalité, la scolarisation des filles, l'accès des femmes aux postes de décision, l'adoption de l'approche genre dans tous les domaines et les programmes de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Cependant, ceci n'a pas permis de juguler les inégalités femmes-hommes« , a-t-elle indiqué tout en précisant que la promotion des droits de femmes pose un grand défi dans la réalité, notamment au niveau de la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle Constitution, de la consolidation de la représentativité des femme dans la vie politique et du changement de la perception négative à l'égard des femmes. « La condition féminine sur les plans économique et social n'a pas connu de changement sur le fond, puisque la pauvreté dans le Royaume est essentiellement féminine et c'est une réalité lamentable. Il n'existe pas jusqu'à présent des politiques publiques claires en matière des droits des femmes, ce qui constitue un grand défi en rapport avec les challenges stratégiques d'avenir », a-t-elle expliqué. Il semble ainsi que l'égalité femme-homme fait encore débat. Alors que la parité et l'égalité sont, bel et bien, stipulées par la Constitution, elles restent toujours un vœu pieux. Par conséquent, il serait important de penser à des mesures efficaces qui pourraient renforcer les concepts de l'égalité et de la parité totale entre les hommes et les femmes au niveau des droits de citoyenneté. Il faut aussi s'assurer que les femmes aient leur propre autonomie pour qu'elles puissent contribuer pleinement et équitablement à toute activité notamment politique en contribuant aux décisions et en participant à la gestion des affaires publiques aux côtés des hommes.