Un décompte provisoire, révélé mardi par le quotidien Tagespiegel, fait état d'une augmentation de 900 cas de violences d'extrême droite par rapport au premier semestre 2018. Il ne s'agit pas des chiffres définitifs, mais ils sont d'ores et déjà élevés : 8 605 crimes et délits attribués à l'extrême droite ont été enregistrés au premier semestre en Allemagne, d'après le ministère fédéral de l'Intérieur, cité par Le Monde. Ce décompte provisoire, qui a été dévoilé mardi 13 août par le quotidien Tagespiegel, fait état d'une augmentation de 900 cas par rapport au premier semestre 2018. Les actes de violence sont au nombre de 363, tandis que le nombre de personnes blessées est de 179. Le Monde précise qu'il s'agit toutefois de chiffres incomplets : d'après le journal allemand Der Tagesspiegel, la Hesse, l'un des seize Land qui composent l'Allemagne, n'a déclaré aucun acte de violence d'extrême droite en juin. Début juin dernier, Walter Lübcke, préfet de l'arrondissement de Cassel et membre de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel, y a pourtant été tué d'une balle dans la tête. Le principal suspect est Stephan Ernst, un ancien militant du parti néonazi NPD. Agé de 45 ans, il avait déjà condamné à six ans de prison en 1993 pour avoir fait exploser une bombe devant un foyer de demandeurs d'asile. Le quadragénaire a été arrêté le 15 juin et placé en détention provisoire. Il a d'abord reconnu le meurtre de Walter Lübcke, avant de se rétracter. «Cela explique sans doute pourquoi l'affaire n'est pas encore dans les statistiques», éclaire Le Monde. Sur les réseaux sociaux, l'annonce de son assassinat avait suscité «une avalanche de réactions haineuses venant de comptes identifiés comme proches de l'extrême droite», à travers lesquels les utilisateurs s'étaient félicités du «coup de grâce» infligé au préfet. Des responsables politiques dans le viseur des militants d'extrême droite Les violences d'extrême droite sont légion en Allemagne. Selon une enquête menée conjointement par les journaux Die Zeit et Der Tagesspiegel, publiée fin 2018, au moins 169 assassinats ont été commis par l'extrême droite dans le pays entre 1990 et 2017. Le phénomène, certes pas nouveau, se caractérise actuellement par deux éléments principaux : d'une part, la recrudescence d'actes de violence collective perpétrés contre des étrangers, comme ce fut le cas dans trois petites villes de Saxe pendant la crise des réfugiés de 2015-2016 ; d'autre part, le fait de viser des élus locaux. Les attaques contre des responsables politiques ayant fait part de leur soutien à la politique d'accueil de la chancelière Angela Merkel, se sont en effet multipliées durant la crise des réfugiés. En 2018, 1 256 cas de «délits politiquement motivés contre des détenteurs de mandats publics» ont été recensés en Allemagne. Parmi eux, 40% sont attribués à l'extrême droite contre 18% pour l'extrême gauche. A cet égard, il convient de rappeler que l'organisation Nordkreuz, constituée de militants d'extrême droite, est soupçonnée d'avoir établi une liste de personnalités de gauche et de défenseurs des droits des migrants et de réfugiés, dans le but de les tuer. Selon des informations révélées en juin par le journal britannique The Guardian, la liste comportait en grande partie des responsables politiques affiliés au Parti social-démocrate, aux Verts, au parti Die Linke et à l'Union chrétienne-démocrate d'Angela Merkel.