L'année 2011 aurait pu se terminer tranquillement pour Claude Guéant, le ministre de l'intérieur français, si seulement le journal Libération n'avait pas décidé de publier aujourd'hui son traditionnel classement sur les plus gros bobards de l'année. Claude Guéant y tient une place de choix. En plus d'être «le petit chouchou» de ce classement, il reçoit la «palme du mensonge 2011». « Bobards, le best-of 2011», c'est ainsi que titre aujourd'hui Libération. Le journal français a décidé de mettre sous les projecteurs, les politiciens français qui ont déclaré les plus gros mensonges durant 2011 dans sa rubrique «désintox», une rubrique existant depuis trois ans. Le thème choisi cette année pour classer ces politiciens est «une avalanche de n'importe quoi sur les chiffres.», c'est-à-dire les boulettes que les politiciens ont fait avec les chiffres qu'ils ont présenté au public. D'ailleurs petite cerise sur le gâteau, chacun des politiciens montrés du doigt ont été caricaturés en portant un long nez rouge rappelant le nez de Pinocchio. Immigrés et échecs scolaires «Contrairement à ce qu'on dit, l'intégration ne va pas si bien que ça: le quart des étrangers qui ne sont pas d'origine européenne sont au chômage, les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés.» avait déclaré Claude Guéant le 22 mai sur Europe 1. Voilà la déclaration choc qui vaut à Claude Guéant d'être présent dans ce best-of, une déclaration qui avait créé la polémique, Guéant ayant assuré que les chiffres avançés provenaient de l'Insee. Un mois plus tard, l'Institut National de la Statistique sort enfin de son silence et contredit officiellement les chiffres de Guéant dans un communiqué de presse. Dans ce dernier, l'INSEE révèle que l'échec scolaire des enfants d'immigrés ne représente pas les deux tiers des échecs généraux, comme l'avait déclaré Guéant. En fait, seulement 16% des enfants issus de familles immigrées sortent sans qualification de l'enseignement secondaire. L'INSEE précisera que les vrais chiffres figurent dans un ouvrage intitulé «Les immigrés en France». Circulaire et double-peine En plus de s'en prendre aux enfants d'immigrés en échec scolaire, la tempête Guéant n'a pas râté, dans sa lancée, les étudiants étrangers à qui il a réservé une année pleine d'embûches que Yabiladi a couvert. A commencer par sa circulaire controversée, une circulaire rendant quasi-nulle la possibilité pour un étudiant étranger de rester en France pour trouver du travail. Des étudiants décident par la suite de former Le collectif du 31 mai pour dénoncer cette circulaire. Certains d'entre eux n'hésiteront pas à brûler leurs diplômes en octobre dernier en face de l'Université de la Sorbonne. Très vite, ces étudiants sont entendus et sont rejoints dans leur combat par des intellectuels, artistes, chefs d'entreprise et présidents d'université. La pression est telle que Claude Guéant a annoncé dernièrement qu'il allait clarifier sa circulaire. Malgré cette mobilisation, cela n'empêche pas le retour obligé d'étudiants étrangers vers leur pays d'origine, comme celui de Nabil Sebti, un Marocain diplômé d'HEC et l'un des porte-paroles charismatiques du Collectif qui est rentré à Casablanca il y a maintenant deux semaines, malgré une proposition de régularisation à la dernière minute. Vient s'ajouter à cette circulaire, un décret publié en septembre dernier qui durcit les conditions d'obtention et de renouvellement des visas pour les étudiants qui souhaitent étudier en France. Ces derniers ne devront plus justifier d'un montant de ressources mensuelles de 460 euros, comme exigé auparavant, mais de 620 euros. Ce qui représente une augmentation de 30%. Enfin, les délinquants étrangers ne sont pas non plus épargnés par la tempête Guéant. Le ministre de l'intérieur a déclaré tout récemment qu'il allait mettre en place un texte qui interdirait de séjour de tout étranger condamné pénalement, un texte qui signerait le retour de la double-peine. Réactions de Nabil Sebti suite au classement de Libération « J'ai esquissé un sourire en voyant la couverture de Libération mais il ne faut pas oublier que Claude Guéant a tout un parcours derrière lui ! », lance ironiquement Nabil Sebti rentré aujourd'hui à Casablanca et à la recherche de nouvelles opportunités d'emploi au Maroc. « Ma vision de la France reste intacte aujourd'hui et il faut faire une différence entre le gouvernement français et le peuple français », poursuit-il en insistant sur le fait que la mobilisation contre la circulaire Guéant connait un fort accroissement aujourd'hui, grâce notamment au soutien des étudiants français qui rejoignent de plus en plus le mouvement et qui se sentent concernés par l'avenir de leurs camarades étrangers.