D'après une analyse réalisée par l'Observatoire des inégalités, sur des chiffres du ministère de l'Education nationale français, la situation socio-économique des élèves conditionne la réussite scolaire plus que l'origine ethnique. La question de l'immigration revient de plus en plus sur les tables de débats en France, et semble devenir le cheval de bataille de ceux qui n'en ont pas. Et l'échec scolaire des enfants d'immigrés sa selle. Une selle qui ne tient pourtant pas face à l'analyse de Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des inégalités, publiée mardi, et d'un rapport de l'INSEE sur le même sujet. Les enfants d'immigrés sont effectivement souvent en difficulté scolaire, mais pas plus que les autres enfants issus d'un contexte socio-économique similaire. Le rapport de l'INSEE sur lequel s'est prétendument basé Guéant pour affirmer sans sourciller que «les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés» conclut que «les plus grandes difficultés scolaires que rencontrent les enfants d'immigrés ne sont pas indépendantes de leur environnement familial et social. Ainsi, les trois quarts d'entre eux appartiennent à une famille dont la personne de référence est ouvrière, employée de services ou inactive contre un tiers pour les jeunes non issus de parents d'immigrés». Ce serait donc le niveau socio-économique qui est déterminant plutôt qu'un problème lié au statut d'immigré, aux difficultés d'intégration, ou encore de langue non maitrisée. Louis Morin, directeur de l'observatoire des inégalités revient là-dessus, chiffres à l'appui. Selon des données du ministère de l'éducation, 50 à 55 % des enfants dont la famille est originaire du Maghreb, d'Afrique sub-saharienne ou du Portugal obtiennent le bac, contre 64,2 % pour les enfants de famille non-immigrée. L'écart est déjà mineur. Par ailleurs sur l'ensemble de la population, on note que le taux de bacheliers parmi les enfants dont la mère n'a aucun diplôme est de 40 %, contre 90 % pour celles dont la mère est diplômée de l'enseignement supérieur. Le fait est que les élèves issus de l'immigration viennent souvent de milieux défavorisés. Pour les enfants dont aucun des parents n'a le bac, «les écarts sont quasiment nuls» entre immigrés et non-immigrés. En effet, 37% des non-immigrés de cette catégorie décrochent le précieux sésame, contre… 37% d'immigrés d'origine maghrébine. Claude Morin va même plus loin dans son analyse. En prenant des populations «comparables» (niveau d'éducation des parents, catégorie sociale, composition de la famille), on découvre que les enfants d'origine maghrébine et asiatique ont la probabilité de réussite la plus élevée. Conclusion : «À situation sociale et familiale comparable, les enfants d'immigrés ont des chances au moins égales à celles des autres élèves de préparer un baccalauréat général» comme l'explique aussi le rapport de l'INSEE sur l'éducation et la maitrise de la langue.