Couscous dominical (Samira, 31 ans, Paris) «Tous les dimanches, ma mère fait un couscous pour toute la famille. Normalement, c'est le vendredi, mais en France les entreprises n'offrent aucune flexibilité particulière ce jour là pour la pause de midi et puis il est impossible de réunir toute la famille. Le samedi, les gens sortent, font leur courses, s'activent ; le dimanche : repos. Chaque dimanche ou presque, mes deux sœurs et mon frère, qui ne vivent plus à la maison, viennent avec leurs familles manger le couscous de maman vers midi. C'est toujours elle, en tant que maîtresse de maison, qui fait le couscous. Elle l'a un peu adapté, elle met parfois du choux de Bruxelles, par exemple. On mange tous dans le même plat à la cuillère. Ma mère est la seule à pouvoir manger à la main directement dans le plat. Nous restons ensuite tous ensemble jusqu'au goûter où le camembert, le rondelet et le caprice des dieux côtoient les beghrir, l'huile d'olive et le miel. Ensuite, chacun repart de son côté et l'on est sûr de se retrouver le dimanche suivant. Mariee en caftan blanc (Nadya, négafa à Paris) La robe blanche a toujours existé pour les Marocaines en France à cause du passage devant le maire pour le mariage civil. Au Maroc, cette robe, est plutôt portée à la fin, lorsque le couple découpe la pièce montée. La robe de mariée blanche occidentale est devenue l'une des 5 à 6 tenues que porte la mariée le jour du mariage. Aujourd'hui, certaines Marocaines se font faire un caftan dans le style de la mariée occidentale. Elles gardent les sfifas dorées, argentées ... et les petits boutons sur le devant, puis elles ajoutent des strass ; la robe est coupée pour recevoir un jupon voire des cerceaux pour avoir un effet gonflé et une traîne, comme une vraie robe de mariée. Dans le cas de couple mixte, cela dépend de qui est Marocain dans le couple. Si c'est la jeune femme, elle restera dans l'esprit caftan et le composera à sa façon. Si c'est l'homme, alors la mariée va porter un ou deux caftans pour faire plaisir à son mari, mais préférera sa robe de mariée. Gastronomie française halal (Kamal Saidi co-fondateur des deux restaurants Les enfants terribles, à Paris) J'ai toujours aimé manger au des restaurant avec des amis qui n'étaient pas toujours musulmans. J'étais systématiquement obligé de prendre du poisson, les restaurants n'étant pas halal. De cette frustration est née l'envie de créer un restaurant de gastronomie française halal accessible aux musulmans. Aujourd'hui, notre clientèle est de 80 à 85% musulmane. Il y a une véritable demande pour la cuisine française. Notre carte se compose notamment du traditionnel foie gras de canard des Enfants terribles. La recette a été adaptée. Dans la recette de base, il y a une pointe d'armagnac et de la graisse de porc. Dans ce genre de situation, où un aliment ne peut pas être utilisé, on emploie des épices, par exemple, pour donner le goût voulu. Nous ne faisons pas de plats traditionnels du Maghreb, mais il arrive que l'on donne une touche orientale à certains plats. Par exemple, la souris d'agneau fondante, confite au sirop d'érable peut devenir une souris d'agneau aux pruneaux ... aux pruneaux d'Agen. Prénom passe partout (Bahija, 24 ans, jeune maman et conseillère dans une assurance à Oyonnax) «J'ai accouché il y a un peu plus d'un mois de mon petit garçon. Nous l'avons appelé Yanis. Je voulais choisir un prénom qui soit court, facile à prononcer et un peu mixte : qu'il passe bien en France et au Maroc, à la fois. Puis, finalement, mon mari a rêvé que notre enfant s'appellerait Yanis. Ce prénom a une signification positive, «aimant», et il correspondait bien à ce que l'on cherchait. J'assume le fait d'être musulmane et je sais que le Coran recommande fortement de choisir un prénom qui appartienne à l'histoire de l'islam, mais il ne l'impose pas. Dans le cas où on ne fait pas ce choix, il recommande de donner un prénom qui ait une signification positive afin que l'enfant n'ait pas à regretter son prénom. En choisissant un prénom qui passe bien en France, dans la société dans laquelle il va grandir, c'est aussi une façon de suivre le Coran. J'ai deux frères qui s'appellent Youssef et Yassine. Ils ont fait 5 ans d'études après le bac et ont eu énormément de mal à trouver un travail. Le prénom lui-même n'est pas forcément en cause, mais il évoque beaucoup de choses. Je ne voulais pas d'un prénom qui puisse être un handicap pour mon fils.