Avec l'agression, dimanche à Tanger, de trois migrants subsahariens à l'arme blanche puis le kidnapping, hier à Nador, de deux subsahariennes par une bande criminelle, l'AMDH tire la sonnette d'alarme quant à une tendance haussière. Elle rappelle que ces migrants déposent rarement plainte contre leurs bourreaux de peur du refoulement. Alors que les opérations de refoulements de migrants des villes du nord du royaume vers le sud se succèdent, comme en témoigne la condamnation du bureau du conseil communal à Tiznit, les migrants subsahariens sont toujours entre le marteau des autorités et l'enclume des réseaux criminels. Hier, la section Nador de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a publié une photo choquante d'un migrant subsaharien, victime d'une agression «sauvage à l'arme blanche» par une bande criminelle. «Au moment où les autorités marocaines se vantent d'avoir fait échouer 30 000 tentatives de migration, des bandes criminelles continuent d'attaquer et d'agresser des migrants», écrit l'AMDH-Nador sur Facebook et Twitter. La même source précise que le cas pris en photo s'est passé dimanche à Tanger lorsqu'un groupe de migrants a été attaqué par des bandits à l'arme blanche. «En voyant les violations commises chaque jour par les autorités marocaines contre les migrants subsahariens, ces bandes criminelles considèrent les migrants comme des proies», dénonce-t-elle. Contacté par Yabiladi ce mardi, Omar Naji, président de l'AMDH-Nador, raconte que «trois migrants ont été violemment agressés par des personnes armées». «D'après ce qu'ils nous ont raconté, les membres de la bande leur ont dérobé leurs téléphones et leur argent. Ils savent que ces migrants ne pourront pas aller porter plainte devant la justice, car nous avons eu des cas où les victimes, se déplaçant au commissariat pour déposer un recours, ont été elles-mêmes interpellées et refoulées.» Omar Naji Les responsabilités des autorités marocaines pour protéger les migrants A Nador, l'AMDH a également dénoncé hier un autre cas. Il s'agit, selon sa page Facebook, de deux femmes migrantes ayant été kidnappées par une bande criminelle. «Ces bandits ont demandé une rançon pour libérer ces femmes. Ce n'est qu'hier, vers 23h, qu'elles ont été libérées après que leurs familles aient réglé une somme de 250 euros», nous précise Omar Naji. Les 2 femmes migrantes prises en otage hier par des bandes criminelles à nador ont été relâchées après avoir payé une rançon de 250 euros. La police marocaine n'a rien fait. Les ravisseurs courent toujours. pic.twitter.com/Xm3U7TNdtT — AMDH Nador (@NadorAmdh) 4 juin 2019 Pour l'associatif, les autorités sont à blâmer. «Elles ne garantissent pas aux migrants, quel que soit leur statut, le droit de porter plainte lorsqu'ils sont victimes d'agressions», déclare-t-il. Omar Naji précise que «ces requêtes doivent être prises en compte». Il explique aussi comment, sur ce volet, l'association a déjà fait face à des cas de «migrants qui déposent des plaintes sans que les autorités ne leur accordent l'attention nécessaire». «Cela devient très dangereux et nous tenons pour responsables les autorités marocaines qui ne font pas le nécessaire pour arrêter ces bandes criminelles, surtout que ces agressions vont crescendo ces derniers jours», dénonce-t-il.