Nouveau rebondissement dans l'affaire de harcèlement sexuel au lycée Victor Hugo, dénoncée par une lycéenne et ayant fait l'objet d'une manifestation la semaine dernière. Cette semaine, un parent d'élève a déposé une plainte contre le proviseur, qui dès l'annonce de sa suspension a préféré partir en France selon nos sources. Coulisse d'un scandale. La révélation a eu l'effet d'une bombe au sein des milieux français établis au Maroc, tout comme au sein de l'opinion publique marocaine. Mais le choc a très vite laissé place à un silence inhabituel des médias. Dans le cadre de l'affaire du harcèlement sexuel présumé à l'encontre d'élèves mineures au lycée Victor Hugo de Marrakech, dépendant de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), ayant éclaté la semaine dernière, la justice marocaine se serait enfin saisie de l'affaire. Cette semaine, un parent d'élève a déposé une plainte contre le proviseur du lycée, H. M., où il l'accuse de harcèlement sur sa fille mineure. Le responsable a déjà été suspendu par l'AEFE suite à la manifestation organisée la semaine dernière par les élèves de Victor Hugo. En revanche, cette mesure administrative n'a pas été suivie par un recours à la justice marocaine, malgré la gravité des accusations. Cette plainte arrive-t-elle en retard ? Plusieurs sources contactées par Yabiladi, assurent que le proviseur est parti suite à la décision de sa suspension, et se trouve actuellement en France. Une source au sein du lycée français de Marrakech ne cache pas son étonnement : «Je ne comprends pas que ce proviseur n'ait pas été entendu par les autorités marocaines dès la révélation du scandale mais surtout avant son départ en France». Les coulisses d'un scandale L'affaire a commencé par le témoignage d'une élève de Victor Hugo accusant le proviseur du lycée français d'harcèlement sexuel. Adressé à des parents d'élèves, le message est vite relayé sur les réseaux sociaux. Dans sa lettre, la jeune fille dénonce «les mains baladeuses» du proviseur du lycée et affirme aussi que les élèves «sont nombreuses à en avoir souffert» et qu'elles ne devraient pas «s'enfermer dans le silence». «La principale concernée est la fille d'une professeure au lycée. C'est la première à avoir osé dénoncer le harcèlement présumé», nous confie jeudi Ali Laghrari, ancien élève du lycée français. Représentant délégué des élèves au conseil de l'établissement, l'année dernière, il dit avoir toujours des amis au lycée français à Marrakech, dont la fille ayant dénoncé le harcèlement sexuel. Maroc : Le proviseur d'un lycée français accusé de harcèlement sexuel par ses élèves Il nous précise aussi que celle-ci a déjà «averti sa maman», également professeure au lycée. «La maman a pris rendez-vous avec le proviseur pour le confronter», nous déclare Ali Laghrari. S'en suit la volonté des lycéennes «d'attirer l'intention des médias, de l'opinion publique et des autorités». Une mesure qui a fini par porter ses fruits. L'AEFE a annoncé la suspension du proviseur. Un mail a aussi été adressé à tout le personnel de l'établissement, précisant que la présence du proviseur est «incompatible avec l'intérêt du service». «Par souci de protection de l'agent et de la communauté éducative dans son ensemble, [le proviseur] est suspendu de sa fonction», précise le texte. Bien qu'il se dit choqué de cette affaire et qu'il affirme n'avoir «jamais pu constater le moindre dérapage de la part du proviseur», cet ancien représentant délégué des élèves dit «faire confiance à la personne ayant dénoncé le harcèlement». La mobilisation de l'ambassade et le communiqué maladroit de l'UCPE «Une commission de l'AEFE devrait aussi rencontrer les élèves du lycée pour parler de cette affaire», nous déclare jeudi Ali Laghrari pour qui «les élèves sont contents de ce qu'ils ont fait et pensent avoir eu justice, car le proviseur a été suspendu, même si c'était, selon eux, sa dernière année au lycée». Ce scandale a mobilisé l'ambassade de France au Maroc qui, dès vendredi dernier, a dépêché son conseiller culturel au lycée. Le responsable s'est rendu vendredi à Marrakech pour rencontrer les lycéens, des parents d'élèves et même des victimes présumées du procureur pour évoquer cette affaire. Cependant, aucune cellule psychologique n'a été mise en place au sein du lycée, regrettent des élèves et parents d'élèves contactés par Yabiladi. Depuis cette visite, une chape de plomb entoure la communication du lycée et de l'AEFE à ce sujet. Alors qu'il avait lui-même pris contact avec l'ambassade de France pour alerter sur l'affaire, le proviseur adjoint du lycée Victor Hugo ne répond plus aux questions des journalistes depuis la semaine dernière. Contacté par Yabiladi à plusieurs reprises, il serait quotidiennement en réunion selon sa secrétaire. Yabiladi a également tenté de joindre l'AEFE qui n'a pas donné suite à nos sollicitations. Nous avons aussi tenté de joindre l'Union des conseils de parents d'élèves à Marrakech, en vain. Cette association de parent d'élèves avait émis, la semaine dernière, un message concernant l'affaire que certains parents qualifient de «maladroit». «A l'heure actuelle, il est impossible d'annoncer si les faits sont réels», précise le communiqué de l'UCPE. Celle-ci a noté que «le Proviseur dément toutes les accusations», et a pointé du doigt des «débordements» ayant suivi la manifestation de la semaine dernière.