Emboîtant le pas à Nicolas Sarkozy, François Fillon, Premier ministre français, s'est à son tour, exprimé contre le vote des non-communautaires aux élections locales en France. Entre temps, des élus, associations, ou autres acteurs sociaux qui ont un avis favorable sur la question, se mobilisent. C'est l'une des grosses questions d'actualités du moment : en France, les ressortissants hors-Union Européenne ont-il le droit de voter lors des élections locales ? Les Socialistes (opposition), actuellement majoritaires au sénat, vont y soumettre ce jeudi, leur projet de loi, accordant le droit de vote aux étrangers en situation régulière. Cette proposition critiquée avec véhémence par plusieurs militants de droite, avait récemment été qualifiée de «hasardeuse » par le président français Nicolas Sarkozy. Dimanche, c'est son Premier ministre François Fillon, qui s'est exprimé contre le suffrage des étrangers non européens. Estimant que la France «ne doit pas hésiter à être exigeante à l'égard des étrangers qu'elle accueille», François Fillon s'est dit «toujours opposé à ceux qui veulent remettre en cause le lien qui associe (…) le droit de vote à la nationalité». Il s'exprimait ainsi dans le cadre des Entretiens de Royaumont, dans le Val-d'Oise (région parisienne), rapporte Le Monde. La question mobilise dans les communes Alors que, l'éventualité d'un vote des citoyens non-européens semble donc faire l'unanimité contre elle au sommet de l'Etat, le débat mobilise aussi au niveau de la société civile. Au niveau de certaines communes par exemple, l'avis des citoyens sur la question a été sollicité. A Wazemmes, en région lilloise (nord de la France), le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) la Ligue des droits de l'homme (LDH) et plusieurs syndicats ont appelé les citoyens aux urnes, pour un vote symbolique, visant à recueillir leur opinion. «Il n'est pas normal que des personnes vivant ici depuis des décennies, y travaillant et y payant des impôts ne puissent pas voter», ont déclaré des militants de la LDH, dans les colonnes de La Voix du Nord. Selon la publication, 60% des personnes sondées seraient favorables à ce que les extracommunautaires participent au choix des élus locaux. A Giberville, autre commune du nord située en banlieue caennaise, une opération similaire est prévue pour le 10 décembre. Le message est le même. Gérard Leneveu, maire communiste de la commune a déclaré dans Ouest-France : «Les immigrés ont toujours participé ici à la vie locale ; ils paient des impôts ; ils votent aux prud'hommes... Pourquoi n'auraient-ils pas le droit de s'exprimer aux élections locales ?». Pour lui, cette initiative doit «porter le débat dans la population, donner des éléments de compréhension aux habitants». L'élu communiste s'est défendu de vouloir profiter du débat autour de la proposition de loi socialiste qui sera soumise ce jeudi au vote des sénateurs. Mais une chose est sûre, il compte envoyer un message fort, puisque le vote aura lieu à l'occasion de la Journée mondiale des droits de l'Homme, le 10 décembre.