En décembre, John Bolton a multiplié les sorties sur le Sahara. Il y a eu d'abord sa conférence à la «Heritage Foundation» et puis ses déclarations au magazine New Yorker. En janvier, il est resté silencieux malgré l'examen par le Conseil de sécurité du dossier. Un silence qui profite pour l'instant au Maroc. L'«hostilité» de John Bolton vis à vis du Maroc sur le dossier du Sahara occidental a-t-elle fléchi ? Le déroulé de la séance du 29 janvier au Conseil de sécurité laisse entendre que le conseiller à la sécurité nationale de l'administration Trump a «revu» sa position initiale, du moins publiquement. «La réunion qui devait connaitre la présentation de l'exposé du chef de la MINURSO, le Canadien Colin Stewart, devant les Quinze a été déprogrammée à la dernière minute pour se résumer en un briefing de Horst Köhler sur la 'table ronde' de Genève tenue les 5 et 6 décembre», nous confie une source proche du dossier. Et pourtant l'agenda publié le 3 janvier annonçait bien des consultations sur la MINURSO et non pas sur le processus des pourparlers entre le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le Polisario. Bolton en mode modéré La même source explique que «les Américains seraient à l'origine de cette modification dans le programme du Conseil. Un changement qui sied aux intérêts marocains». Force est de constater que le «ton menaçant de John Bolton envers la MINURSO, sa «frustration» du non-règlement du conflit et les orientations qu'il avait l'habitude de souffler aux diplomates de la mission des Etats-Unis à l'ONU lors des réunions consacrées à la question du Sahara, ont disparu ces dernières semaines. Mais l'accalmie n'est-elle que passagère ? Notre source se veut prudente. «Contrairement aux Français, les Américains ne sont pas des alliés sur lesquels le Maroc peut compter en toutes circonstances. En témoigne l'accueil chaleureux réservé au ministre algérien des Affaires étrangères, le jour même où Horst Köhler a présenté son briefing au Conseil de sécurité», précise-t-elle. «Mais dans l'ensemble, la situation prête à un optimisme prudent. C'est déjà un précieux point dans l'escarcelle du Maroc. Une tendance qui devrait, en principe, se confirmer par l'officialisation dans les prochaines semaines de la nomination de David T. Fischer nouvel ambassadeur au royaume», estime notre interlocuteur. Les alliés du royaume aux Etats-Unis n'ont pas uniquement réussi à persuader John Bolton a la modération vis à vis du Maroc mais également à convaincre la majorité Démocrate au Congress de réintégrer le Sahara dans les aides de l'USAID consacrées à Rabat.