Si les Marocains qui souhaitent s'installer dans un autre pays partaient réellement, le royaume perdrait 19% de sa population, selon un nouveau rapport de The Gallup Organization. «Dans quelle mesure la population de votre pays changerait-elle si tous ceux qui souhaitaient s'installer dans un autre pays s'expatriaient réellement ?» C'est la question centrale de l'indice de migration nette potentielle (PNMI) élaboré par The Gallup Organization. Sur la base d'entretiens avec près d'un demi-million d'adultes âgés de 15 ans et plus, menés entre 2015 et 2017 dans 152 pays, l'entreprise américaine a mesuré les gains et les pertes nets potentiels pour la population adulte d'un pays, en soustrayant ceux qui souhaiteraient quitter leur pays de ceux qui souhaiteraient s'installer dans un autre. Au Maroc, l'indice de migration nette potentielle s'élève à -19%. Plus le score est élevé, plus le gain de population net potentiel est important. Les scores négatifs traduisent en revanche une perte nette de population. A l'échelle du royaume, cela signifie que le pays se verrait amputer de 19% de sa population, dont 29% parmi les jeunes. La fuite des cerveaux, ou au contraire le gain de compétences étrangères, ne sont pas évalués pour le Maroc. A titre de comparaison dans la région nord-africaine, l'Algérie obtient un score de -31%, contre -27% pour la Tunisie, -25% pour la Mauritanie et -16% pour la Libye. Le nombre de personnes souhaitant migrer supérieur à celui recensé au lendemain de la Grande récession «L'indice de migration nette potentielle de The Gallup Organization ne permet pas de prédire les schémas de migration, mais fournit des informations utiles sur les personnes que ces pays attirent et sur les domaines dans lesquels les dirigeants doivent s'employer à conserver les talents déjà présents chez eux», précise la société dans une note relative à l'indice. Alors que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (dit Pacte de Marrakech) a été formellement adopté lundi 10 décembre, The Gallup Organization souligne à cet égard que son récent indice «montre en réalité que dans la plupart des pays qui ont refusé de signer [le pacte], davantage de personnes veulent partir plutôt que venir s'y installer». Ces derniers avaient en effet avancé que le Pacte, pourtant non contraignant juridiquement, allait ouvrir la porte à une immigration de masse non contrôlée. «Le nombre de personnes désireuses de migrer entre 2015 et 2017 est supérieur à ce qu'il était au lendemain de la Grande récession, (soit la crise économique mondiale des années 2007-2012, ndlr). Mais comme souvent, le PNMI de The Gallup Organization indique que les populations adultes ne continueraient de croître en Amérique du Nord, en Europe (dans l'Union européenne et dans les pays tiers), en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Océanie, que si chacun se déplaçait où il le souhaitait», souligne enfin le groupe américain.