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L'or du désert L'arbre qui cache une misère
Publié dans L'observateur du Maroc le 17 - 07 - 2009

Ceux qui, durant les années 70 ont sillonné le sud-ouest marocain, se souviennent encore des denses forêts d'arganiers. Aujourd'hui, seuls quelques arbres épars et d'aspect chétif continuent de subsister. Le même scénario se répète malheureusement un peu partout dans la région. Les pertes sont chiffrées à quelque 60 hectares par an. Résultat : l'arganier ne couvre plus qu'une superficie de 800.000 hectares pour environ 21 millions d'arbres. La menace s'installe. La destruction de l'arganier provoque une désertification «hypothéquant» même les terres agricoles, moyen de subsistance de millions de personnes. Le Haut commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification explique ce phénomène par les catastrophes naturelles ayant touché la région. Autre raison: l'extension galopante de l'urbanisation et l'agriculture intensive. Le développement des villes comme Biougra, Aït Melloul et Agadir se fait de plus en plus au détriment de la forêt ou plutôt de ce qui en reste et les pertes se poursuivent dramatiquement… Les autorités concernées ont pris un certain nombre de mesures pour sauvegarder l'arganier et stopper l'avancée du désert. Mais reste à savoir qui en profite et comment ?
Sauvegarder le droit de gain
«Arbre magique et vénérable, tes racines forent le roc et scellent avec la terre un pacte irrévocable; tu es le végétal le plus résistant et sans doute le plus beau…». Voilà comment le poète Mohamed Khaïr-Eddine a chanté l'arganier. Reste à savoir si la beauté de cet arbre offre un bonheur socio-économique aux habitants du sud. Le problème est lié au fait que des industriels étrangers viennent impunément s'accaparer de ces ressources pour une bouchée de pain. Une fois en Europe, ces entreprises vendent le produit 15 fois plus cher que ce qui est proposé dans les coopératives locales. Une exploitation pure et dure... A l'origine, ce sont les femmes du sud qui concassaient les noix pour en extraire les amandes nécessaires à la préparation de l'huile, le tout pour un salaire nettement inférieur au prix de la revente. Chargée de mission dans la région, Latifa Yakoubi raconte : «Une fois cueillies, ces noix étaient envoyées en Europe pour revenir au Maroc sous forme d'huile et à des prix exorbitants. La valeur ajoutée et les revenus de l'argan partaient à l'étranger tandis que nos femmes, elles, restaient pauvres». En clair, l'huile d'argan est à 100% marocaine mais le bluff marketing, lui; est européen.


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