Les opposants au rétablissement du service militaire obligatoire s'accrochent au droit à l'objection de conscience. Ils rédigent actuellement en ce sens un mémorandum qui sera adressé au chef du gouvernement, aux partis et aux parlementaires. Le projet de loi portant sur le rétablissement du service militaire est relancé. Le discours du roi Mohammed VI à l'occasion de l'ouverture de la nouvelle année parlementaire a mis définitivement un terme à toutes les spéculations autour de ce sujet, alimentées notamment par le retard dans l'examen et l'adoption du texte par les parlementaires. En effet, depuis son dépôt à la Chambre des représentants, il a été présenté furtivement une seule fois en commission, au début du mois de septembre. Le 12 octobre, le souverain a tenu à préciser que «tous les Marocains (sont) concernés par le service militaire, sans exception (…) et ce, indépendamment de leur classe sociale, de leurs diplômes et de leur niveau d'instruction». Or cette généralisation ne plaît manifestement pas au «Rassemblement marocain du rejet du service militaire», qui a tenu à le faire savoir lors d'un point de presse, la semaine dernière à Rabat. Le recours à l'objection de conscience «L'ONG propose en effet le respect de l'objection de conscience. C'est un droit qui est reconnu internationalement», nous confie Abdellatif Zeroual, le secrétaire général de la section jeunesse d'Annahj Addimocrati (Voie démocratique). Une référence sans doute à l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme qui ne mentionne pas explicitement ce droit mais insiste plutôt sur celui de «la liberté de pensée, de conscience et de religion», et sur le droit «de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction». Néanmoins, le Comité des droits de l'Homme de l'ONU a conclu, dans une déclaration datant de 1993, que «l'objection de conscience peut être déduite de l'article 18, dans la mesure où l'obligation d'employer la force au prix de vies humaines peut être gravement en conflit avec la liberté de conscience». Un mémorandum destiné à El Othmani et aux parlementaires «A défaut d'un rejet du rétablissement du service militaire, nous souhaitions inscrire ce droit dans le projet de loi», explique Abdellatif Zeroual. A notre question de savoir si le Rassemblement a entrepris des démarches en vue de convaincre les députés et les conseillers d'introduire cet amendement, notre interlocuteur répond par la négation. De son côté, Adil Youssefi, également membre du «Rassemblement marocain du rejet du service militaire», a révélé dans des déclarations à Yabiladi que ses membres «sont en train de rédiger un mémorandum qui sera adressé, fin novembre, au chef du gouvernement, aux partis et aux parlementaires. Nous comptons sur l'adhésion à notre initiative du Collectif des associations des droits de l'Homme, de la Fédération de la gauche démocratique et des sections jeunesse de quelques formations politiques». La présentation dudit mémorandum «sera suivie de sit-in et d'une campagne de communication», précise-t-il. Pour rappel, le 15 mai de chaque année est la Journée internationale de l'objection de conscience.