Un véritable calvaire. C'est ce qu'à vécu le 10 septembre dernier une famille franco-marocaine à l'aéroport de Casablanca. Abdelkader Sifer s'apprête à embarquer dans un avion de la Royal Air Maroc à destination de Paris, avec sa femme et sa fille Siham handicapée physique et mentale pour rentrer chez eux à Etampes. Tout allait bien jusqu'au moment où la famille s'est vue interdire l'entrée de son avion, rapporte le Parisien. Une interdiction émanant du commandant de bord qui les reçoit et leur dit qu'il ne prenait pas les handicapés parce que l'avion était plein. Il leur ferme ensuite la porte de l'avion au nez et la famille doit attendre quatre heures dans un hangar avant de remonter dans un autre appareil. Cette fois-ci et heureusement, la famille décollera sans problème. Une plainte a été déposée Arrivé en France, Abdelkader Sifer porte plainte pour discrimination contre la compagnie marocaine auprès de la police. La RAM a pris connaissance de cette affaire et a répondu à la famille : «La décision de ne pas embarquer a été prise sur la base des procédures édictées dans le domaine de l'aviation civile destinées à éviter la présence à bord de passagers dont le comportement peut affecter la tranquillité, la sécurité ou le confort des passagers ou perturber le déroulement du vol». Des explications qui ne font pas passer la pilule. Le père de famille ne comprend toujours pas comment une personne handicapée peut-être rejetée de la sorte. Chaque été, la famille prend l'avion pour Casablanca mais, ils n'ont jamais été victimes de discrimination, explique-t-il. Leur réservation a été faite plusieurs mois à l'avance, le 21 avril dernier auprès d'une agence de voyage et la RAM était informée de l'handicap de la jeune fille. Privés de vol et vol de bagages Comme un malheur n'arrive jamais seul, les valises de la famille ont été victimes de vol. En effet, leurs bagages étaient dans la soute du premier avion dans lequel ils n'ont pas pu monter. Des vêtements ont disparu, ainsi qu'un GPS et un appareil photo d'une valeur de 500 euros. RAM mais aussi Air Méditerranée et Tunisair Deux autres incidents similaires se sont produits depuis le début de l'été chez deux autres compagnies différentes en France, cette fois. Dimanche dernier, un groupe de 22 personnes sourdes et malvoyantes s'est vu refuser l'embarquement à Marseille dans un vol d'Air Méditerranée à destination de la Turquie. Un refus sur ordre du commandement de bord qui a invoqué des raisons de sécurité. Le groupe a porté plainte. Enfin, en juin dernier, à l'aéroport de Toulouse, c'est un jeune autiste de 19 ans qui a été déclaré persona non grata par le commandant de bord, dans un avion de la Tunisair à destination de la Tunisie. Le jeune homme venait à peine de s'installer en cabine en compagnie de sa mère, lorsque le commandant de bord leur demande de quitter l'avion. Le jeune homme semblait trop agité à ses yeux. La mère et le fils prennent un nouvel avion quelques jours plus tard, à condition que le jeune garçon soit sous calmant. Le jour J, la famille est refusée une nouvelle fois dès la salle d'embarquement. Le commandant de bord, le même que la première fois, avance que la mère n'a pas de certificat médical indiquant la durée de l'efficacité du calmant. La famille a également porté plainte. Le commandant de bord est-il le maître à bord ? La réglementation de l'aviation civile prévoit un nombre maximum d'handicapés par avion, un nombre qui dépend de la capacité de l'avion mais aussi du nombre d'issues de secours que l'appareil possède. Autre élément que la réglementation prévoit, c'est l'accompagnement et l'encadrement des personnes handicapées lors d'un voyage en avion. Cependant, selon Gérard FELDZER, expert aéronautique, cette réglementation est assez floue et aurait besoin d'être éclaircie surtout concernant le handicap des voyageurs. Il ajoute qu'elle peut être facilement mal interprétée et mal utilisée par les commandants de bord. Conséquence : ce sont eux qui décident du choix des personnes handicapées autorisées à monter dans l'avion. Ils peuvent refuser un malvoyant comme une personne sur une chaise roulante ou une personne autiste. En revanche, le commandant de bord encourt de lourdes conséquences s'il est reconnu coupable dans une procédure judiciaire. Il risque de recevoir un blâme, voire même d'être licencié de la compagnie aérienne.