Les autorités saoudiennes entendent autoriser des agences de recrutement de domestiques marocaines à destination de l'Arabie. Une manière pour le royaume saoudien de régulariser cette filière d'immigration, mais aussi de répondre à la demande interne en domestiques étrangères. Cette mesure est annoncée après l'interdiction par l'Indonésie de l'envoie de ses ressortissantes dans ce pays où les dames de maison subissent encore des traitements qui rappellent le temps de l'esclavage. Des agences de recrutement de domestiques marocaines à destination de l'Arabie Saoudite agréées par les autorités saoudiennes devraient bientôt voir le jour. Ce royaume de la péninsule arabique a en effet indiqué qu'il allait agréer ces structures de recrutement pour répondre à la forte demande de ses citoyens en femmes de ménage étrangères. Hattab Al-Anzi, porte parole du ministre saoudien du Travail a déclaré que ces agences faciliteront aux candidates marocaines l'obtention de visas pour aller exercer dans les maisons saoudiennes. Le Maroc n'est pas le seul pays concerné. Des pays de l'Asie de l'est et d'Afrique sont également ciblés. Une mesure qui permettra donc de mettre un peu d'ordre dans cette filière de l'immigration au départ du Maroc. Mais après l'interdiction, le premier août dernier, par l'Indonésie de l'envoi de ses citoyennes en Arabie Saoudite en tant que domestiques, les autorités saoudiennes semblent vouloir prendre les devants en se tournant vers d'autres zones d'émigration comme le Maroc. La décision du gouvernement indonésien avait été motivée par les très nombreux cas de maltraitances dont sont victimes ses ressortissantes employées dans les maisons saoudiennes. Les Marocaines n'échappent pas non plus à cet enfer. Des bonnes ou des esclaves ? En 2009, une étude publiée par la Fondation Hassan II sur la situation des immigrés marocains dans le Golfe faisait état de conditions de travail «parfois inhumaines» auxquelles sont soumises les bonnes marocaines. Des employées dont le salaire se situait en général à 1 500 dirhams malgré une surexploitation qui les réduit carrément à «l'esclavage». Avec cette régularisation annoncée, les autorités marocaines ont pour leur part une occasion de suivre de plus près les conditions de séjour des Marocaines dans ce royaume qui accueillaient en 2009, quelques 28 000 immigrés marocains. Reste à savoir si, à l'instar de l'Indonésie, le royaume pourra un jour hausser le ton contre les cas de traitements dégradants dont sont victimes ses jeunes filles en Arabie. Au Maroc également, une bonne partie des femmes de ménages étrangères, majoritairement des Philippines et des Sénégalaises, subissent ces types de traitements inhumains de la part de leurs patrons issus de la bourgeoisie marocaine.