Le PPS est à nouveau dans le flou. Les conditions du départ de Charafat Afilal du gouvernement brouillent les cartes dans ce parti de la majorité. «Ils nous poussent à quitter le gouvernement !», tonne un cadre du PPS à Yabiladi. «On ne peut qu'être en colère après la suppression du secrétariat d'Etat chargé de l'Eau, sur une proposition de Saâdeddine El Othmani, et sans la moindre concertation avec la direction de notre parti. Mme Charafat Afilal a pourtant fait du bon travail», déplore-t-il. «Certains camarades estiment que la proposition du chef du gouvernement est un coup de poignard dans le dos. Ils redoutent que Anas Doukkali (ministre de la Santé) soit le suivant sur la liste. La prochaine réunion du bureau politique s'annonce houleuse. Des voix vont réclamer le basculement dans les rangs de l'opposition.» Néanmoins, l'instance n'est pas habilitée à prendre une telle mesure. C'est en effet au comité central que revient l'examen de cette question. A la suite des limogeages de Nabil Benabdallah et de Houcine El Ouardi par le roi Mohammed VI, le 24 octobre 2017, le parlement du PPS avait rejeté à une écrasante majorité, le 4 novembre lors d'une session extraordinaire, la proposition de se retirer de la coalition gouvernementale. Seules 17 voix sur les 486 que compte le comité central s'étaient montrées favorables à cette option. L'avenir incertain du PPS au sein de la majorité Le PPS perd à nouveau un membre influent au sein de l'exécutif grâce notamment à ses déplacements dans les villages lointains touchés par la pénurie d'eau. Des visites qui ont par ailleurs toujours bénéficié d'une large médiatisation. Ce nouveau départ pourrait affaiblir le leadership de Nabil Benabdallah – «probablement», souligne notre interlocuteur, sans toutefois donner plus d'explications. Le secrétaire général dirige le PPS depuis le 31 mai 2010. Au dernier congrès du Livre, en mai dernier, il a été reconduit pour un 3e mandat par 375 voix, sur les 486 membres du comité central, contre seulement 81 pour son rival Saïd Fekkak. Celui-ci se voit offrir une opportunité de prendre la tête d'un «mouvement de redressement» au sein du PPS. Néanmoins, il sera difficile pour ce parti, présent au sein du gouvernement depuis vingt ans, de jouer le rôle d'opposant. Rester au sein de la majorité avec un Nabil Benabdellah en disgrâce aux commandes du Livre n'est pas non plus de tout repos. Telle est la difficile équation que devront résoudre les camarades dans les semaines à venir.