Ahmed Raissouni est vent debout contre la gestion du Hajj par l'Arabie saoudite. Le religieux marocain, très proche du Qatar, plaide pour confier la tutelle des lieux saints de l'islam à l'Organisation de la coopération islamique, en lieu et place du royaume wahhabite. De nouveau, Ahmed Raissouni tire à boulets rouges sur l'Arabie saoudite. Le responsable religieux a été appelé par la chaîne qatarie Al Jazeera pour condamner la gestion du Hajj par le royaume wahhabite. Les autorités de Riyad, depuis qu'elles ont décrété en mai 2017 le blocus contre le Qatar, interdisent aux ressortissants du petit émirat et à ses résidents d'accomplir le cinquième pilier de l'islam. Une politique qu'elles mettent à pied d'œuvre pour la deuxième année consécutive. Bien entendu, l'ancien président du Mouvement unicité et réforme (MUR), de 1996 à 2003, a répondu favorablement à cette invitation et a montré plus de zèle que ses anciens employeurs. En effet, il a longtemps animé l'émission «La Charia et la vie» diffusée sur Al Jazeera. Un rapprochement avec un syndicat d'imams tunisiens Droit au but, Ahmed Raissouni a ouvertement accusé le royaume wahhabite de «politiser le Hajj» et de vouloir le «saoudiser». Il a appelé à retirer la tutelle de l'Arabie saoudite sur les lieux saints de l'islam pour la confier à l'Organisation de la coopération islamique. Alors qu'une initiative avait été lancée en janvier depuis la Malaisie, pour former une «instance internationale de surveillance de la gestion du Hajj par l'Arabie saoudite», le responsable religieux se rapproche du syndicat des «imams et des cadres religieux» en Tunisie, qui avait exhorté en juillet dernier les pèlerins tunisiens à boycotter le pèlerinage et à dédier aux plus démunis le montant de cette facture particulièrement salée. Ahmed Raissouni n'a toutefois pas encore franchi ce seuil de contestation observé dans le pays du Jasmin. Raissouni n'en est pas à son coup d'essai Le n°2 de l'Union des oulémas musulmans (sunnite), très proche du Qatar, a par ailleurs récemment pointé du doigt, dans un article, la position des religieux saoudiens qui bénissent toutes les actions du pouvoir et appellent le peuple à lui obéir. Dans la ligne de mire du Marocain, la fameuse fatwa émise début août par le cheikh salafiste Abdelaziz Al Raies. Ce dernier a interdit aux Saoudiens de contester l'autorité de l'émir, même s'ils «le regardent à la télévision boire du vin ou commettre un acte d'adultère pendant trente minutes». Ahmed Raissouni est également très critique avec les Emirats arabes unis et ses religieux. Pour rappel, il est inscrit, depuis 2014, sur la liste terroriste établie par Abou Dhabi.