Ces derniers jours, plusieurs médias, marocains et pro-Polisario évoquent les nouvelles cartes de Google Maps qui présente le Maroc avec son Sahara. Pourtant, l'information n'est pas nouvelle et la décision de Google n'avait pas été prise que pour le cas du Maroc. Explications. A Tindouf, les éléments du Polisario sont vent debout contre Google. Et pour cause, une information que certains déterrent pour lui donner un nouvel habit. Lundi, nos confrères d'Alyaoum 24 ont publié une information concernant Google et le Sahara. Titrant «Le Géant Google reconnait la souveraineté du Maroc sur son Sahara», le média arabophone indique qu'il y a trois ans, des activistes marocains ont lancé une pétition appelant Google à rectifier la carte du Maroc. «L'entreprise a répondu favorablement vendredi dernier et le trait (ndlr. les pointillés) a disparu», s'est réjouit le média. Le Polisario à la remorque Mardi, le Front Polisario a profité de cette «nouvelle information» pour médiatiser son offensive, à travers une lettre qu'il souhaite adresser aux dirigeants du géant américain. Dans un article publié le 24 juillet, Futuro Sahara a appelé les Sahraouis à une mobilisation de masse. L'objectif : pousser Google à remettre le trait qui séparait autrefois le Maroc et le Sahara occidental. «Le plus grand moteur de recherche au monde, Google, vient de supprimer le trait séparant le territoire sahraoui occupé et le Royaume du Maroc, tout en annulant l'appellation de Sahara occidental suite à une action d'activistes marocains», écrit le média sahraoui proche de Mohamed Lamine Ould Bouhali. L'article, qui appelle à la mobilisation, joint même une lettre-type, en anglais, que les Sahraouis peuvent adresser à Google dans le but de «rétablir cette erreur». On y indique même les démarches à suivre pour s'assurer que la requête sera bel et bien envoyée au géant américain. Oubli de contextualisation et manque de précision L'information est vite reprise par LeSiteinfo. «Le géant Google a procédé à la suppression du trait qui séparait le Maroc de son Sahara sur ses cartes géographiques (Google Maps), ainsi que l'expression "Sahara occidental"», s'est réjouit le média marocain. L'occasion pour lui d'expliquer que cette démarche «a poussé le polisario à faire une contre-campagne demandant à Google de rétablir ce trait». «Les séparatistes ont ainsi invité leurs éléments à contacter l'entreprise pour "protester contre sa décision"», conclut-il sans plus d'éléments de contextualisation. Il faudra attendre Le360 qui prendra le soin de rappeller à Futuro Sahara que «la décision de Google ne date pas d'aujourd'hui et qu'il ne s'agit là que d'une simple mise à jour des données cartographiques». Plus précisemment, «la décision date du 27 avril 2013 quand cette entreprise américaine (…) avait supprimé le trait séparant le Maroc de son Sahara», souligne le média. En effet, plusieurs médias marocains avaient relevé dès 2015 que l'actualisation de la carte du Maroc par Google Maps en supprimant les pointillés séparant le royaume des provinces du Sud. Google ne fait que s'adapter au contexte local Par contre, aucun site marocain, ni celui du Polisario n'a pris le soin d'expliquer la nouvelle politique de Google en matière de délimitation des frontières sur Google Maps, et qui ne se restreint pas au cas du Maroc. Dans un article publié en 2015, le Nouvel Obs avait expliqué que le géant américain a pris la décision de publier des cartes qui «ne froissent personne». Un an plus tôt, toujours selon les médias, plusieurs utilisateurs avaient observé que les frontières tracées sur Google Maps changeaient en fonction du pays de connexion. Des exemples sur la Crimée, vue de la Russie et vue à partir d'une adresse IP en Ukraine, tout comme d'autres provinces disputées, avaient été donnés. Google a tout simplement décidé de s'adapter au contexte local dans le pays tout en gardant les cartes onusiennes ailleurs. Au Maroc les pointillés et la mention Sahara occidental sautent, mais à l'étranger l'ancienne carte reste de mise. Il est donc bien vain pour le Polisario d'adresser des courriers de protestation à Google puisque la carte n'a pas changé depuis l'Algérie. Une capture d'écran effectuée ce 25 juillet, montrant la carte du Maroc vue depuis l'étranger. / Ph. DR