Le Maroc adoptera probablement une approche budgétaire plus restrictive lors de l'élaboration de son projet de loi de finances 2019 en raison de la hausse des prix du pétrole. La décision a été exprimée jeudi par le gouvernement. La hausse des prix du pétrole et le protectionnisme international devraient affecter l'économie marocaine alors que le gouvernement est sur le point de présenter un projet de loi de finances pour l'année 2019. C'est ce qu'indique jeudi l'agence Reuters, citant le gouvernement de Saâdeddine El Othmani. «L'année prochaine sera pleine de défis liés aux tendances protectionnistes croissantes de l'économie internationale et à la hausse des prix du pétrole», a estimé le gouvernement marocain en marge de son conseil tenu jeudi, faisant référence à la politique économique de restriction du commerce international entreprise par certains gouvernements pour se protéger contre la concurrence étrangère. Mustapha El Khalfi, porte-parole du gouvernement a fait savoir que «le budget de l'année en cours était basé sur un prix du baril s'élevant à 60 dollars bien que le prix moyen sur les marchés internationaux ait grimpé à 73 dollars». Hausse des prix des carburants : Prix mondiaux et marges marocaines [Explications] De son côté, le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri avait déjà déclaré que l'augmentation des prix du pétrole et les tendances sur la scène politique internationale pourraient «affecter les finances du Maroc», poursuit l'agence de presse britannique. Prix du pétrole mais aussi la campagne de boycott En outre, la décision gouvernementale intervient alors que le royaume connait une campagne de boycott généralisée que les Marocains ont lancée le 20 avril dernier afin de protester notamment contre les prix élevés des produits pétroliers. Les boycotteurs ont ciblé trois grandes entreprises, dont Afriquia, premier distributeur de carburant du pays. Les deux autres entreprises boycottées, Centrale Danone et les Eaux minérales d'Oulmès avaient toutes les deux publié des profit warnings, suite à ce boycott. Plus tôt ce mois-ci, le ministre chargé des Affaires générales et de la gouvernance, Lahcen Daoudi a confié à Bloomberg que le gouvernement adoptera prochainement un nouveau plan de surveillance des prix du carburant. Une décision qui répondra notamment aux revendications des boycotteurs. La nouvelle procédure, qui attend toujours son approbation par le chef du gouvernement, permettra à ce dernier d'ajuster les prix du carburant tous les 15 jours et d'imposer des mesures temporaires pour contrer les fluctuations excessives des prix, a précisé Lahcen Daoudi. Maroc : Le plafonnement des prix des carburants attend toujours sur le bureau d'El Othmani Pour mémoire, le Maroc a décidé en 2015 de procéder à la décompensation des carburants pour tenter de réduire la facture des produits pétroliers. Une mesure critiquée par les observateurs et les parlementaires qui reprochent à l'Exécutif de ne pas avoir mis de mesure pour accompagner la décompensation au moment où les bénéfices des distributeurs de carburant dans le royaume ont plus que doublé durant cette période.