Une semaine après le verdict, les détenus du Hirak du Rif à Casablanca ont décidé de faire appel des jugements les condamnant de 1 à 20 ans de prison ferme. Une mesure pour laquelle Rabii Ablaq n'a cependant pas opté, au moment où il est à son 38e jour de grève de la faim. A la prison d'Oukacha (Casablanca), tous les détenus du Hirak du Rif feront appel des jugements rendus le 26 juin dernier à leur encontre. Seul le journaliste Rabii Ablaq fera l'exception. Condamné à cinq ans de prison ferme, en plus d'une amende de 2 000 dirhams, il entame ce jeudi son 38e jour de grève de la faim. Il a même été hospitalisé lundi à cause de la dégradation de son état de santé. «Les premiers à s'être présentés en prison et les derniers à visiter leurs proches» Devant la prison d'Oukacha, Abdellatif Ablaq déclare mercredi à Yabiladi avoir «subi des provocations aux portes de la prison». Il rapporte aussi avoir été «parmi les derniers à accéder à l'espace de visites, alors qu'[il] a été des premiers à s'être présentés devant le personnel pénitentiaire». Le proche de Rabii Ablaq nous explique que ce dernier «a perdu la voix et son état de santé est très préoccupant, au moment où les responsables sont dans l'indifférence générale». Il nous confie que son frère observe une grève de la faim tout en refusant de boire de l'eau, depuis une semaine, en réponse à «la pression exercée contre lui par le directeur de la prison». Selon notre interlocuteur, le responsable aurait «usé de sa notoriété pour faire du chantage à Rabii, lui donnant le choix entre signer la décision du recours en appel ou être privé de téléphone». Un marché auquel le détenu a répondu : «Si je suis privé de téléphone, je me priverai d'eau.» De son côté, Mohamed Ahamjik, frère de Nabil Ahamjik qui est condamné à 20 ans de réclusion, confirme que le détenu est désormais dans une cellule individuelle. La direction de la prison le soupçonnerait d'avoir incité les autres détenus à entamer cette grève de la faim. «Les militants qui se trouvent dans le bloc du dispensaire sont à leur septième jour de grève de la faim», nous confirme-t-il mercredi, à sa sortie de la visite familiale. Par ailleurs, le frère d'Ahamjik précise que «tous les détenus appellent les acteurs politiques, associatifs, ainsi que tout le peuple marocain, à participer le 8 juillet à la marche nationale en leur soutien». De son côté, le père de Nasser Zefzafi a confirmé à Yabiladi que ce dernier observait une grève de la faim depuis une semaine, comme les autres détenus. Ahmed Zefzafi indique aussi que «cinq parmi ceux-ci refusaient au début d'ester devant la juridiction d'appel». Une démarche qu'il qualifie d'«inutile», avant d'ajouter : «J'ai perçu le verdict rendu à l'encontre de mon fils comme tous les Marocains. Du nord au sud, ils ont tous dénoncé ce jugement en exprimant leur indignation. J'appelle l'Etat à répondre à ce consensus populaire, car tout le monde exige la libération des détenus du Hirak.» Un appel à l'union populaire et à une réponse de l'Etat Parallèlement à la visite familiale du mercredi, un sit-in s'est tenu devant le centre pénitentiaire, avec la participation des familles, de quelques avocats de la défense et des enfants des détenus. L'occasion pour ces derniers d'appeler à la remise en liberté de leurs parents. Rencontrée sur place, la petite sœur de Salah Lachkhem, condamné à dix ans de réclusion, précise à Yabiladi qu'«il est inconcevable de prendre une peine pareille pour avoir uniquement revendiqué des droits élémentaires et exigé de régulariser la situation de son terrain». Le frère d'Othman et d'Ibrahim Bouziane revient, quant à lui, sur les «profondes souffrances» des familles des détenus. En effet, ces peines s'ajoutent au fait de «devoir traverser 1 200 kilomètres au total, tous les quinze jours, afin de rendre visite» aux figures de proue du Hirak, nous explique-t-il. Pour toutes ces raisons, Bilal Bouziane appelle plus que jamais à l'union populaire, en souhaitant que «les forces vives du pays participent à la marche nationale du 8 juillet et se mobilisent côte à côte, abstraction faite de leurs différences politiques ou idéologiques».