Ce lundi, le président sortant du Paraguay, Horacio Cartes a inauguré la nouvelle ambassade de son pays à Jérusalem, la troisième depuis celle des Etats-Unis et du Guatemala. Le Maroc va-t-il dénoncer cet acte, sachant que les autorités paraguayennes soutiennent Rabat sur la question du Sahara occidental ? Le président du Paraguay, Horacio Cartes, a inauguré ce lundi 21 mai à Jérusalem, la nouvelle ambassade de son pays en Israël. Une inauguration qui intervient après celle de l'ambassade des Etats-Unis et de la représentation diplomatique du Guatemala. Pour rappel, le 14 mai dernier, Washington a défié les 128 pays du monde ayant condamné sa décision de transférer son ambassade à Jérusalem, reconnaissant ainsi la ville sainte comme capitale de l'Etat hébreu. La décision du Paraguay doit davantage attirer la colère des Palestiniens et de la communauté internationale. Pour rappel, le 14 mai dernier, une cinquantaine de Palestiniens, protestant contre l'inauguration de l'ambassade américaine à Jérusalem, ont été tués par les balles de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, endeuillant le peuple palestinien qui célébrait, le même jour, le triste événement de la proclamation de la création de l'Etat d'Israël. Etats-Unis et Guatemala : Le Maroc condamne Le jour du transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem, le roi Mohammed VI avait adressé un message au président palestinien Mahmoud Abbas, soulignant un «développement regrettable dans le processus de la cause palestinienne». Le souverain avait réitéré son «rejet de cet acte unilatéral contraire à la volonté exprimée de façon continue par la communauté internationale». «Nous considérons également que cette démarche est contraire au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité y afférent, qui insistent sur la non-altération du statut juridique et historique de la ville sainte», avait-il affirmé. Le roi Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods, a aussi réitéré «le soutien du Maroc et sa constante solidarité avec le peuple palestinien pour la défense de sa cause juste, notamment en ce qui concerne la ville d'Al-Qods. Quant au Guatemala, ayant inauguré le 16 mai dernier son ambassade à Jérusalem, un projet de jumelage entre Rabat et Guatemala City a été gelé par la mairie de la capitale, «par solidarité avec le peuple palestinien». «Suite à la décision du Guatemala d'établir une ambassade à Al-Qods, le conseil municipal de Rabat a décidé à l'unanimité de geler l'examen du projet de jumelage avec Guatemala City, par solidarité avec le peuple palestinien», a déclaré la semaine dernière le maire adjoint de la capitale marocaine. Réagir à la décision du Paraguay, un défi diplomatique Le Maroc va-t-il réagir à l'annonce de l'inauguration d'une ambassade d'Asuncion à Jérusalem ? Il semblerait que la question soit difficile pour la diplomatie marocaine. D'autant que le royaume et le Paraguay entretiennent des relations privilégiées depuis janvier 2014. En effet, c'est à cette date que les autorités d'Asunción avaient annoncé le retrait de la reconnaissance de la «RASD». Depuis, le Paraguay n'a cessé de réitérer son soutien à «un règlement politique et pacifique, juste et durable à la question du Sahara» et à l'initiative marocaine d'autonomie pour les provinces du Sud. La Chambre des députés du Paraguay a même adopté, le mois dernier, «une résolution soutenant l'initiative marocaine d'autonomie pour le Sahara», comme le rapportait, début mai, l'agence marocaine MAP. Du côté du Maroc, Rabat avait annoncé, en janvier 2016, l'octroi au gouvernement paraguayen d'un million de dollars d'aides pour faire face à de graves inondations. En février dernier, le Maroc aurait même offert 700 000 dollars pour la rénovation de six unités de la santé de famille au Paraguay. Il semblerait donc que les autorités marocaines doivent ménager la chèvre et le chou, pour continuer à soutenir la cause palestinienne, tout en veillant à ne pas fâcher les amis paraguayens, sachant que la position d'Asunción sur le Sahara devrait rester la même pour les prochaines années. En effet, aux termes de l'élection présidentielle de cette année, le nouveau président Mario Abdo Benítez, élu en avril et prochainement investi en août, est issu du parti Colorado, la même formation politique de son prédécesseur, Horacio Cartes. Le royaume doit donc empêcher qu'un allié comme le Paraguay ne se retrouve dans le camp des adversaires. Un rétropédalage pourtant connu en Amérique latine, tout comme en Afrique. Rappelez-vous, le Panama et l'Equateur, qui avaient annoncé la rupture de leurs relations diplomatiques avec le mouvement séparatiste, respectivement en novembre 2013 et juin 2014, ont fini par reprendre leurs liens avec les amis de Brahim Ghali, tout comme la Zambie.