Dans la province de Taourirt, une deuxième plainte a été enregistrée lundi contre un soixantenaire poursuivi dans une affaire de pédophilie. Alors que l'enquête se basait sur celle d'un enfant de sept ans, une adolescente de 14 ans est sortie du silence. Dans un village de la province de Taourirt, l'affaire de pédophilie où un mineur de 7 ans dit avoir fait l'objet de sévices sexuels répétés de la part de son oncle a révélé une nouvelle victime présumée. Ainsi, une adolescente de 14 ans a porté plainte contre le même prévenu, dans la journée du lundi, apprend-on de source associative. «Rien n'est encore sûr pour le moment, mais la rumeur dans le voisinage du suspect court sur son éventuelle arrestation», indique à Yabiladi Rachida Moujniba de l'Association Al Amal, active au Centre de protection sociale des femmes et des enfants victimes de violences à Taourirt. En effet, le prévenu est poursuivi en état de liberté, après avoir quitté le village au lendemain des révélations publiques sur l'affaire. La partie civile appelle à son arrestation, estimant qu'il représente un éventuel danger pour d'autres enfants. Le premier plaignant n'est vraisemblablement pas le seul à se dire victime d'agressions sexuelles de la part du soixantenaire. Faire sortir les victimes du silence Sortie de son silence il y a quelques jours, l'adolescente de 14 ans et sa mère ont donc été écoutées lundi par la gendarmerie à Taourirt. Rachida Moujniba nous confirme les avoir accompagnées sur instruction du procureur général, afin d'enregistrer leur plainte. Elle nous indique que les choses se sont déroulées comme prévu : «Ma présence en tant que partie civile était surtout importante pour aider à mettre en confiance la victime présumée et éviter que l'on se retrouve dans une situation d'interrogatoire, comme ça a été le cas lors de l'enregistrement de la plainte de l'enfant de 7 ans, la première fois qu'il a été reçu.» Selon Rachida Moujniba, «les déclarations de la mère et de la fille sont parfaitement concordantes». L'adolescente affirme avoir fait l'objet de harcèlement sexuel de la part du prévenu dès l'âge de 10 ans. «Elle disait qu'au début, sa mère ne croyait pas ce qu'elle lui racontait vu la pudeur et la confiance qui se dégageaient d'un homme aussi âgé», ajoute notre interlocutrice. Par ailleurs, depuis une année que l'affaire fait parler dans le village, l'adolescente a songé de plus en plus à porter plainte, mais sa mère dit avoir estimé que sa situation de femme divorcée ne serait clémente ni pour elle ni pour sa fille, au regard de la société. «Lorsque l'affaire de l'enfant de 7 ans a été révélée, la fille a pressé sa mère pour porter plainte, en espérant que le prévenu ne fasse pas encore de nouvelles victimes et en voulant surtout que justice soit rendue», nous explique encore Rachida Moujniba. La première audience est prévue le 11 juin prochain au tribunal de première instance de Taourirt. La plainte de la seconde victime présumée sera ajoutée au dossier du prévenu, tandis que malgré les rumeurs, ce dernier reste poursuivi en état de liberté, jusqu'à preuve du contraire.