réalisatrice marocaine Hind Bensari a projeté en première son documentaire «We Could Be Heroes», dans le cadre du Hot Docs Canadian International Documentary du Festival de Toronto (du 27 avril au 6 mai 2018). A l'issue du festival, le film a reçu le Prix du meilleur documentaire international, faisant ainsi de Hind Bensari la première cinéaste marocaine et africaine à décrocher ce sésame. A travers «We Could Be Heroes», on suit le parcours étonnant de deux amis d'enfance en situation de handicap, Azzedine et Youssef, qui sont déterminés à participer aux Jeux paralympiques de Rio de 2016. Dans une construction poétique et intimiste, Hind Bensari choisit ici de mettre en image l'injustice sociale, filmant la rage de vaincre plus que la victimisation. Dans un entretien, la réalisatrice explique qu'au Maroc, «le fossé entre les riches et les pauvres ne fait que se creuser au fil des ans, au moment où les institutions ne fournissent toujours pas un service publique de l'éducation et des soins de santé décents à leurs citoyens». Ainsi, elle indique que «le dévouement d'Azzedine et de Youssef, la pureté de leur affection l'un pour l'autre et leur humour pour surmonter cette injustice» ont constitué pour elle «une véritable source d'inspiration pour écrire l'histoire de leur incroyable parcours les menant à participer aux Jeux paralympiques de Rio». Coutumière des documentaires à caractère social, Hind Bensari s'est distinguée depuis 2013, lors de la sortie de son premier opus du genre, «475 : Break the silence». Celui-ci traite de la situation des mineures mariées de force à leurs violeurs, au moment où le débat sur la question agitait le Maroc, après le suicide d'Amina Filali. Depuis, l'article 475 du Code pénal permettant à l'agresseur d'échapper à une peine de prison a été amendé, mais sans plus de garanties en matière de protection des victimes.